PREMIÈRE PARTIE
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sculptures, son type architectonique ne devait pas s’ écarter beaucoup du mo
nument du Doge Michel Morosini ( f 1382 ) dans la susdite Eglise des Ss. Jean-
et-Paul, et qu’il avait comme ce dernier au fond de la lunette une mosaïque
d’une composition toutefois un peu différente.
Le monument Sténo qui se faisait encore remarquer par la polychromie
des autres parties (') fut en 1802 enlevé de la place qu’il occupait dans l’Eglise
de S. Marina et ensuite maltraité et honteusement abandonné dans un coin.
Cette Église ayant été supprimée en 1810, les derniers restes de ce tombeau,
à savoir la figure couchée du Doge et l’inscription, furent transportés dans le
temple des Ss. Jean-et-Paul ( 2 ).
La tête de la statue bien modelée relativement au temps, excepté sur
les tempes, semble une copie faite sur un cadavre, comme T indique encore la
tumescence de certaines parties avec lesquelles contraste la maigreur des mains,
anatomisées du reste avec grand soin.
Il ne paraît pas improbable qu’ à ce monument ait travaillé ce maître
Paolo dè S. Maria Zobenigo, fils de Biagio tailleur de pierres ( 3 ), qui dut sculpter
le tombeau de Niccolo Vitturi et qui fut chargé d’exécuter celui de Bartolomeo
Morosini'- ( v: -note j, page 4 du TJ I.)
Dans le monument élevé au capitaine Paolo Savelli romain (f 1405)
dans l’Eglise des Frari {v. fig. 88), le tombeau en l’air soutenu par de riches
modillons, par la manière dont le plan a été conçu et par la disposition et
forme des nichettes a évidemment une étroite parenté avec d’autres travaux
congénères qu’ on attribue à la famille des dalle Masegne, ainsi par exemple
entre autres avec le monument dè Rainiero degli Arsendi dans le cloître de
S. Antoinë à Padoue et avec le tombeau de Giacomo Cavalli aux Ss. Jean-et-Paul.
Les statuettes du sarcophage Savelli accusent, elles aussi, la même école
mais un peu en progrès, et quoiqu’ elles ne soient pas très élégantes, elles
offrent cependant une certaine désinvolture et sont assez bien modelées.
Mais ce qu’il importe surtout de faire remarquer dans cette œuvre, c’est
T introduction d’un nouvel élément statuaire, à savoir la statue équestre.
Dans la haute Italie d’autres figures identiques avaient été un siècle
auparavant élevées sur les monuments mais avec un autre concept. Daris les
groupes équestres des Scaligeri et des Viscontf, la pose tranquille et équilibrée
dés chevaux et les figures impassibles des guerriers en costume de combat
serrées parmi les hautes selles et dressées sur les étriers comme pour mieux
dominer la file de leurs fameuses compagnies, donnent assurément à ces œuvres
un aspect majestueux et imposant. Mais cette grande symétrie et tranqnillité de
lignes devait aù contraire répugner presque comme une entrave à T artiste
du XV e siècle, qui recherchait avant tout l’effet de la vivacité et de l’élégance,
(Ï 2 3) Texte It., p. 75. 1