PÉRIODE DE TRANSITION
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et sinon par une expression plus heureuse, du moins par une allure plus ré
solue de la monture, par une bonne interprétation des formes chevalines, par
la pose étudiée et l’aisance du cavalier, il réussit dans son entreprise. Est-il
besoin d’ajouter que pour réaliser un tel concept animé, la matière employée,
c’ est-à-dire le bois, lui fut d’un grand secours.
J’ ai appelé 1’ auteur de cette statue un artiste du XV e siècle, car, suivant
les justes observations de A. G. Mayer ( 1 ), si les formes des figures du sarco
phage sont encore assez rapprochées de celles du monument du Doge Venier,
dans ce groupe équestre le talent des dalle Masegne est déjà surpassé et l’on y
voit au contraire le caractère de 1’ art sculptural progressiste de la première
moitié du XV e siècle. Je ne crois pas pouvoir admetre cette statue équestre
parmi les produits de l’art vénitien.
Outre la partie en bois, chose que l’on devine déjà, le reste du monument
était aussi recouvert d’or et de couleurs dont on aperçoit encore les traces ( 2 ).
Dans la Chapelle de S. Hélène construite en 1418-20 ( v. note 1, pagc.^j
du T. J), par les Bonromeo, on remarquait à gauche, écrit Sansovino, « un
» tombeau de marbre avec différentes figures petites très bien comprises, et
» avec feuillages, et autres ornements très riches, sous lequel est sur fond azur,
» une inscription en caractères Gothiques dorés et ce tombeau était l’œuvre
» de Mattheo de Revetti de Milan en l’an 1422 » ( 3 ).
Cicogna qui, dans ses Inscriptions, supposait que Revetti était l’auteur de
l’épigraphe du tombeau et non un artiste, changea ensuite ce Revetti en Re
ventes ( 4 ) citant à ce propos une famille milanaise de ce nom et un Ambrogio
de Revertis mort à Milan en 1504.
Comme on peut le déduire de tout ce que j’ai dit sur la Cà d’Oro, il
s’agit au contraire ici sans doute du sculpteur qui travailla tant dans cet
édifice.
Malheureusement ce monument a été dispersé en même temps que la
pierre d’Alessandro Bonromeo, laquelle, d’après Sansovino, « était couchée
» par terre devant le parapet de l’autel » et portait sculptée « l’image du dit
» Alessandro vêtu avec les manches à la Comeo, le capuchon sur le tête à la
» florentine, suivant l’usage du temps ». Grevembroch nous a conservé le dessin
de cette pierre, dont le contour était marqueté.
Il ne reste plus aujourd’ hui, à ma connaissance du moins, des travaux
de Reverti comme statuaire, que 1’ ange porte-étendard que j’ ai découvert à la
Cà d’Oro, mais dans un état tel qu’ il ne peut guère nous offrir une base de
comparaison pour retrouver quelque autre travail du maître dont les œuvres
servirent de modèles au XVI e siècle et étaient encore estimées à la fin du XVI e .
Mais, à défaut de ce tombeau, nous en avons un autre qui, quoique exécuté
( 1 2 8 4) Texte It>) p> 75.