i8o
PREMIÈRE PARTIE
Les figures de femmes dans les niches du fond rappellent les travaux de
Niccolô Lamberti. Elles sont suffisamment bonnes, mais toutefois privées de
sentiment et évidemment celui qui les sculptait visait surtout un souvenir
classique. On remarque également celles des Saints près du sommet du pavillon.
Dans la statue qui domine le monument, la tête par rapport à la masse du
corps paraît mesquine et le cou est grossièrement attaché aux épaules; les mains
( à P encontre des autres statues ) sont trop grandes et attachées avec cette
lourdeur caractéristique de pouls qu’on voit souvent dans les sculptures autour
de la façade de Saint Marc et dans celles du chapiteau au Nord-Ouest du por
tique du Palais Ducal. Presque toutes les extrémités des autres statues sont
traitées avec un peu d’indécision et avec cette ligne spéciale dont j’ai déjà
parlé à propos des sculptures de ce chapiteau.
Les anges qui soulèvent les bords du pavillon n’ont de remarquable que
les têtes; du reste même par les proportions des corps ils ont surtout le rôle
de soutiens pour la lourde tente qui en cet endroit retombe en déterminant
une ligne peu agréable.
Quant aux statuettes de guerriers aux angles du sarcophage, celle de
gauche rappelle dans son attitude le célèbre S. Georges de Donatello à Or-
sanmichele.
Le défaut caractéristique de longueur des membres inférieurs de toutes
les figures de ce monument, déjà trop évident chez les guerriers, s’ affirme dans
les vertus des niches du tombeau au point de les rendres grossières; défaut qui
s’ajoute d’ailleurs à la pesanteur des vêtements disposés et pliés de manière
à ressembler plus au cuir qu’ au drap.
Excepté une, les petites têtes de ces figures se ressemblent, soit par
l’expression soit par la forme, au point de paraître stéréotypées. Elles sont
toutefois assez jolies pour servir de modèles. Çà et là dans les chapiteaux on
découvre 1’ action du trépan.
La statuette de la Force et plusieurs autres encore furent reproduites par
le ciseau sur le monument dédié à Raffaele Fulgosio ( f 1427 ) dans la Basi
lique du Saint à Padoue. Monument qui, sous le rapport de la statuaire, n’ a
guère d’importance assurément, mais, dans ses figures peu sympathiques, Sel-
vatico, je ne sais à 1’ appui de quelles données, semble avoir déviné le « ciseau
de Giovanni de Pise, garçon et disciple de Donatello » ( 1 ).
Le 5 Juin 1435 on plaça en grande pompe le corps du Bienheureux Pa
cifique dans le sarcophage du monument élevé en son honneur dans l’Église
des Frari, sous le Procurateur Scipione Buono.
Ce monument (V. P. I, pl. 24, fig. 1) par sa forme typique n’ est qu’une
reproduction, toutefois alourdie par trop d’ornements, de ceux qui étaient déjà
(») Texte It., p. 77.