PÉRIODE DE TRANSITION
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et (par rapport au vérisme) dangéreux complément, moins au sculpteur pro
prement dit, qu’ à 1’ artiste passé maître dans 1’ art de manier le pinceau ( 1 ).
Nous en avons des preuves nombreuses dans les inscriptions de plusieurs an-
cones et dans les documents et ainsi on peut en conclure, ce semble,, que nous
sommes encore en présence d’un maître avec Niccolô mort vers la moitié en
viron du XV e siècle ( 2 ). Parmi les maîtres qui à cette époque peignirent pour
Venise des tables d’ancone je citerai: Giacobello del Fiori, les Zambono,
Squarcione, les Vivarini, Giacomo Bellini etc. ( 3 ). Un curieux contrat de 1440
passé entre la Commune de S. Daniel du Frioul d’une part et Michiele fils
de feu Giovanni Bono, peintre, avec Paolo di Amadeo de Venise, sculpteur,
de 1’ autre, réglait P exécution d’une ancone avec figures de bois destinée à
1’ Église de S. Michel de ce pays ( 4 ).
Le travail des ancones contribua certainement à former des familles en
tières d’ouvriers et d’artistes qui s’adonnaient à ces œuvres; quelques-uns
s’intitulaient intajator palarum ou anchonarum ( 5 ), et dès le XIV e siècle on
distingue celle des Moranzone, qui, on peut le dire, pendant plus d’un siècle
exécuta bon nombre des principanx travaux de ce genre soit pour des parti
culiers soit pour le compte d’Églises et monastères.
A Caterino fils de maître André, sculpteur sur bois, habitant le quartier
de S. Luc ( d’après les documents ( 6 ) que j’ ai découverts on peut le considérer
comme étant de la famille Moranzone ou Moranzon ) appartient la sculpture
d’une croix peinte en 1404 per Niccolô miles de Venetiis ( 7 ) pour les Augustins
de la terre de Verrucchio en Toscane. Je ne puis formuler aucune appréciation
sur cette œuvre de Caterino, mais pour donner une idée du talent assez mé
diocre de ce maître, il suffit du devant d’autel de l’Eglise du Corpus Domini
à Venise, aujourd’hui existant au Musée Civique ( 8 ). Le bas-relief central re
présentant la Circoncision, surmonté d’un arc écrasé, a de chaque côté six
autres petits compartiments historiés tous en sculpture, peints et dorés. La
soi-disant décoration architectonique est peu élégante, et dans la composition
des figures,se manifeste, il est vrai, une certaine étude, mais sous le rapport
de la forme et du fini de 1’ exécution il y aurait beaucoup à dire. Ce devant
d’autel remonte probablement au commencement du XV e siècle.
Caterino dut avoir pour collaborateurs les frères Matteo et Lorenzo sculp
teurs, dont on ne connaît toutefois aucun travail ( 9 ).
A la mort de Caterino restaient ses fils Andrea, Giacomo et Gaspare ou
Gasparino.
Grâce à ces indications et à d’autres que j’ ai eu le bonheur de découvrir,
tombent désormais les fantastiques hypothèses de G. Saccardo ( 10 ), lequel, après
plusieurs autres, a cru originaire de la Lombardie ce Giacomo Moranzone
(123 4 5 6 7 8 9 10 ) Texte It., p. 80.