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PREMIÈRE PARTIE
mais la description coïncide si exactement avec le nombre des statues, avec
les mesures, avec le matériel et les détails de la grande fenêtre, qu’ il ne sau
rait y avoir place pour le moindre doute.
La date de la recherche d’un maître à Florence, faite, on 1’ a vu, pour
le gouvernement de Venise par un Vénier, semble encore, selon toute proba
bilité, avoir quelque rapport avec un autre acte important inédit, c’ est-à-dire
le testament que le susdit Pier Paolo, gravement malade, faisait publier le 14
Mai de 1’ année 1403 ( 1 ).
Il est à remarquer que dans son testament Pier Paolo dalle Masegne ne
fait aucune allusion à Giacomello et par là même aux intérêts qu’ ils avaient
en commun ( 2 ). Ce document au contraire fait suffisamment la lumière sur les
fils de Pier Paolo et spécialement sur le jeune Antoine, qu’ on peut pour cette
raison (comme on P avait déjà supposé) identifier avec plus de vraisemblance
avec le Magisier Antonius q. m Pétri Pauli de Venetia lapicida habitator Sibenici,
appelé magister fabrice ecclesie sancti Iacobi de Sibenico, où il se trouvait en 1435,
travaillant au Dôme jusqu’ en 1441, année où il fut tout à coup remplacé par
le célèbre Giorgio Orsini dont nous parlerons plus loin ( 3 ).
On admet encore au nombre des dalle Masegne, et précisément comme
fils du susdit Giacomello, ce Paolo tailleur de pierres, qui dans la même église
des SS. Jean-et-Paul de Venise sculpta le tombeau (monolithe) en l’air, ou à
la ponentina, de Giacomo Cavalli (f 1336) ( 4 ), et qui exécuta à Saint-François
de la Mirandole un monument funèbre analogue ( 5 ) en l’honneur de Prendiparte
Pico (f. 1364).
Parmi les nombreux salariés de la République de Venise dont on réduisit
le traitement en 1411 et 1412 pour faire face aux dépenses de la guerre de
Dalmatie, j’ai retrouvé le suivant: 1412, Janvier. — Magister Paulus lapicida,
qui habet de Salario ducatos quadraginta in anno, sic decetero habere debeat ducatos
viginti in anno et residuum vadat in Comune ( 6 ).
Toutefois le seul nom de baptême de ce maître ne suffit pas pour nous
autoriser à le confondre avec Paolo, fils de Giacomello, car précisément à
cette époque demeurait à Venise et dans le quartier de Pier Paolo dalle Ma
segne un autre maître Paolo, tailleur de pierres et fils de feu Biagio ( 7 ).
A mon avis, cependant, les différences de caractères que nous surprenons
dans le monument Vénier et dans la grande fenêtre du Palais Ducal, par
rapport aux autres travaux des dalle Masegne, dépendent moins des preuves
extrinsèques du mérite isolé de Pier Paolo que de l’introduction de nouveaux
éléments dans le domaine de l’Art vénitien.
Il est bon à ce propos de rappeler que, au commencement du XV e siècle,
travaillait à S. Maria del Fiore un sculpteur vénitien, je veux dire cet Urbano
(1 2 3 4 5 6 7) Texte It., p. 3 et 4.