PERIODE DE TRANSITION
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(') Texte It., p. 16.
» Ils ont une certaine relation avec les chapiteaux du palais des Doges, quoiqu’ils
» soient d’un ordre beaucoup moins riche ».
Et de fait, le dernier de ces chapiteaux se trouve encore chez M. Marcato
antiquaire, qui a vendu les dix autres au prince Clary de Vienne. Ils sont de
type vénitien et par leurs feuillages ont quelque analogie avec les chapiteaux
de la loggia de la Justice qu’on pourrait attribuer au susdit m. Panlaleone.
Et à mon avis, il serait facile de trouver quelques travaux de ce genre dans
les vieilles villas des patriciens Vénitiens. Par exemple au Casonetto de
Zermen (*) près de Feltre, j’ai retrouvé également deux fragments d’un grand
chapiteau, dont les feuillages accusent légèrement la période vénitienne de
transition.
Quant au choix des artistes, il faut supposer que les Procurateurs de
Saint-Marc, chargés dès le commencement des constructions du Palais, y emplo
yèrent aussi quelques-uns des maîtres de leur Église et spécialement, comme
on 1’ a vu, m.° Pietro dit Pela, Giovanni di Martino de Fiesole et, comme on
le verra, quelques autres maîtres florentins, lesquels, si je ne me trompe, eu
rent dans 1’ œuvre du Palais Ducal 1’ entreprise des travaux de sculpture et
spécialement des figures qui historient la plupart des chapiteaux extérieurs.
Si nous passons maintenant à l’intérieur, nous remarquons que la loggia
du côté de la cour, dans 1’ aile reconstruite au XV e siècle, est de la même épo
que que la loggia extérieure, mais pour 1’ harmonie des lignes elle fut au con
traire exécutée semblable à la loggia contiguë située sous la vieille et lourde
muraille de la Salle du Grand Conseil. Aussi est-elle également formée d’une
série de robustes arcades retombant sur de massifs chapiteaux combinés, sup
portés par des piliers angulairement polystyles, qui alternent avec des grou
pes de colonnes au nombre de cinq pour chacun. Toutefois, contrairement à
presque toutes les autres parties architectoniques du même genre, où fut em
ployée la pierre d’Istrie, les quatre cinquièmes de ces colonnes sont en mar
bre grec et proviennent, à mon avis, des anciennes façades.
A 1’ origine, comme on le voit sur le plan du Palais tracé en 1580 par
Zammaria dei Piombi, dans les côtés intérieurs tournés vers le Nord et vers
1’ Est, il n’ existait pas de galeries ouvertes, et les loges étaient supportées par
des murailles percées seulement çà et là de quelques ouvertures (v. fig. 22).
Les décorations des groupes de chapiteaux de la nouvelle loggia de la
cour (taillés chacun dans un seul bloc de pierre d’Istrie), diffèrent de leurs con
génères du XIV e siècle, et sont, alternativement, presque toutes, semblables. Le
feuillage, quoique du type largement représenté dans les chapiteaux de l’exté
rieur, est traité toutefois avec peu de finesse. Les parties les plus caractéristi
ques à observer sont les grandes têtes humaines souvent de sexe et d’âge dif