(>) Texte It., p. 17.
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PREMIERE PARTIE
férents, qui sortent des ornements, sur la plupart desquelles on remarque une
vélléité d’expression et dont plusieurs sont même bien modelées (v. jig. 21).
Autrefois à P extrémité de cette galerie ouverte aboutissait un escalier,
dont 1’ un des côtés s’ appuyait contre 1’ irrégulière et lourde muraille du cor
ridor qui mène de la porte de la Carta dans la Cour. Cet escalier (v. Jig. 22)
dit Foscara (*), en souvenir du prince sous le dogat duquel il avait été cons
truit, ou encore du plomb à cause de la couverture du toit, fut démoli après
la mort de 1’ architecte Antonio da Ponte ; et alors on compléta les arcades
de la loggia, en cherchant à imiter dans les deux groupes de soutiens poly-’
styles les décorations voisines du XV e siècle ; ce qui, du reste, fut fait très
grossièrement.
Jusqu’ ici, quant à la statuaire, mon travail ne pouvait sortir de l’analyse
des travaux connexes aux diverses ornementations ; mais à présent le moment
est venu d’examiner les dernières œuvres qui dans l’ordre chronologique fer
ment la série des grandes sculptures allégoriques à 1 extérieur du Palais, c’est-
à-dire le Jugement de Salomon et l’Ange Gabriel.
Le Jugement de Salomon (v. P. 1, pl. 1), tout en étant du nombre des
sujets qui, pour être compris, n’ont pas besoin de l’aide d’inscriptions, devait
toutefois dans le groupement et le développement de la composition présenter
de grandes difficultés à vaincre ; et évidemment une vivacité plus pittoresque
et plus marquée de certaines figures (dont les dimensions ne pouvaient guère
s’ écarter de celles des travaux congénères du XIV e siècle sur les façades) avait
contre elle Y espace limité et spécialement la forme angulaire du lieu. Toute
fois, dans ces conditions, le groupe ne pouvait certainement pas être mieux
composé.
Entre ces figures on voudrait peut être un peu plus d’espace, mais leur
mouvement est suffisamment en rapport avec les divers sentiments requis par
cette action importante et avec les exigences esthétiques de la formation d’un
groupe statuaire. Le choix des physionomies est bien approprié au caractère des
divers personnages, et à ce point de vue nous devons citer tout particulière
ment la tête majestueuse de Salomon (pour le sentiment et la nature du mo
delé elle offre une grande analogie avec la Madone de Nanni di Banco sur la
porte si souvent citée de la Mandorla), la grossièreté de celle du soldat d’un
type vériste, et la figure de la vraie mère, animée d’une forte expression.
Les corps sont proportionnés -correctement et disposés presque tous avec
élégance de lignes ; les têtes modelées avec maestria et finesse s’ adaptent au
corps avec l’exactitude anatomique. Au contraire les attaches des mains, ou
pour mieux dire le choix des lignes qu’elles font avec l’avant-bras sent trop
la recherche. L’ enfant, malgré une certaine grâce affectée de la main du soldat