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PREMIÈRE PARTIE
tiques avec les draperies des figures de droite de la susdite plastique du Bap
tême. Les détails de V armure du justicier, même sous le rapport de 1’ exécu
tion, sont identiques à ceux des soldats de ces deux monuments, et dans celui
de Brenzoni les amours ailés qui tiennent ouvert le pavillon ont, eux aussi, de
grandes ressemblances de formes et de modelé avec 1’ enfant du Jugement de
Salomon. De même également V abandon et 1’ attitude inerte de la main gauche
de la fausse mère, rappelle les extrémités de certaines figures du bas-relief du
Baptême.
Le lézard, sculpté sur le tronc du figuier dans le groupe du Jugement,
qu’ on voit également reproduit sur les roches du monument Brenzoni et dans
le bas-relief de la descente aux Enfers sur le sarcophage du B. Pacifique, sem
ble être un détail naturaliste préféré ou employé en guise de signature ou
marque.
Le monument Brenzoni, comme on le voit par une inscription placée au
bas, est l’œuvre du florentin Giovanni Rosso, et suivant les dernières études
comparatives, comme on le verra plus loin, on attribue au même maître ou
au moins à un artiste qui lui touche de très près les plastiques de celui du B.
Pacifique. Or, à cause de ces analogies avec les travaux de Giovanni Rosso ou
des signatures ou marques que j’ ai relevées, peut-on attribuer encore à cet ar
tiste le groupe du Jugement de Salomon, qui en réalité serait ainsi esthétique
ment son chef-d’œuvre ? Ou plutôt n’ est-il pas improbable qu’ à cette époque
de transformation et spécialement pour ce qu regarde le grand art florentin,
un autre artiste soit arrivé au même résultat avec ces analogies ? Et si cela,
ce semble, est sans exemple, ce travail ne pourrait-il pas être d’un artiste in
directement inspiré par Rosso, ou de 1’ un de ses élèves plus favorisé que lui
du sentiment esthétique, ou, mieux encore, 1’ œuvre des deux à la fois ?
Il est logique toutefois de supposer que la République ne dut choisir qu’
un maître en renom pour lui confier la plus importante des sculptures exté
rieures du nouveau Palais, et par conséquent la dernière hypothèse concernant
le principal artiste de ce travail semble la plus probable. Cette œuvre mar
querait ainsi la transition, ou se placerait entre la première manière dona-
tellesque de Rosso et la manière pittoresque d’un vériste, dont nous avons
sinon le plus beau, du moins le plus caractéristique spécimen dans le susdit
monument véronais.
Cette mienne opinion sur les auteurs de notre groupe a pour elle encore
1’ époque où il fut exécuté, c’ est-à-dire après 1424, date qui coïncide encore
avec la présence de ce maître sur le territoire Vénitien. Du reste, quelle que
soit la valeur de cette hypothèse, les caractères du style, tant des figures que
de tous les détails, montrent clairement que ce travail est un produit, et même
des bons de l’art toscan, représenté à cette époque à Venise par d’autres