PÉRIODE DE TRANSITION
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taisées les unes dans les autres, entrecroisées et découpées, de manière à for
mer pour chaque rameau un ajour différent. Les appuis-main, les soutiens ter
minés par des lionceaux accroupis tenant des brebis, les corniches et les autres
parties étaient, autant qu’on peut encore aujourd’ hui s’en rendre compte, travail
lés avec richesse et bon goût (v.fig. 33). Les ornements de la frise du milieu,
laquelle s’étendait encore sous le parapet du palier, en partie préservés par
plusieurs enduits de chaux, trahissent la main d’un habile sculpteur (v. fig. 34),
et par la composition, forme et découpure, rappellent, dans de plus grandes
proportions, ceux des corniches encadrant les fonds à demi-figures dans le
chœur en bois des Frari (v. P. I, pl. 36). Pour cela et autres détails il est à
supposer que cet escalier à été également exécuté après 1450. Le bois employé
est le larix et le sinnolo de la Vénétie (Pinus Cembra L.).
Sur plusieurs points des fonds, on voit des traces d’azur, et dans les
reliefs des ornements, même l’apprêt pour la dorure.
Dans les fouilles faites pour l’emplacement des escaliers actuels de la
Cà d’Oro (v. fig. 26, A) on a retrouvé à peu de profondeur du pavé, des piles
de briques alignées sur deux rangs également espacés, de manière à laisser
supposer qu’ elles avaient servi de fondations à des pilastres ou colonnes, pro
bablement d’une galerie antérieure à la reconstruction du XV e siècle.
Dans le côté de la cour opposé à l’escalier démoli, on voyait encore
en 1847 une galerie avec plate-bande de bois, semblable à celle qui aujour
d’hui fait face à la porte d’entrée, mais formée au contraire d’une seule file
de colonnes de marbre grec, lesquelles, enlevées de place, ont passé sous la
scie pour servir de marches dans l’intérieur d’autres palais comme celui-ci,
alors propriété de la ballerine Taglioni. Cette galerie est aujourd’hui murée.
L’ingénieur architecte Meduna, le pseudo-restaurateur de ce monument et
autres qui ont été maltraités, réformait encore les anciennes pièces divisées
dont j’ai parlé plus haut, non seulement en enlevant les planchers et démo
lissant les herses des deux fenêtres donnant sur le canal, mais encore en ac
couplant à celles-ci deux autres et y ajoutant, pour comble, cette galerie in
forme qui les met aujourd’hui en communication.
Si la forme architectonique de ces deux vieilles ouvertures pouvait pa
raître étrange, l’accouplement des nouvelles et la construction et forme de
cette espèce de balcon sont absolument en contradiction avec les lois statico-
esthétiques et avec le caractère de l’édifice. D’autres dégâts et mutilations ont
encore été çà et là imposés à la façade, spécialement par l’adaptation d’au
tres balcons, qui ont été placés même sans respecter l’harmonie de la couleur
locale.
Au cours de ces restaurations, d’autres parties ont été emportées, et de ce
nombre sont les plaques ajourées (toutefois exécutées bien après) qui servaient