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PREMIERE PARUE
chitectonique de ce noble palais, exécutées déjà malheureusement en partie et
sans permission aucune de l’autorité Municipale compétente, furent, sur la pro
position de la Commission ail’ ornato, interrompues avec juste raison.
Dans le palais Cavalli (aujourd’hui Franchetti) à S. Vital (v.fig. 45), har
monieuse est la gradation de la hauteur des différents étages, et entre 1’ ex
tension des loges et de la façade existent les mêmes rapports que dans le
palais de l’Ambassadeur. Dans le piano nobile les ajours des diverses ouver
tures appartiennent au vigoureux type du palais Giovanelli, et là encore les
vides du fenêtrage continu sont en nombre impair. La hauteur de ses colonnes
(avec la base et le chapiteau) est approximativement égale à celle de la masse
ajourée, dont les extrémités reposent, non pas sur des pieds-droits ou jamba
ges, mais sur des demi-colonnes, comme dans la loggia supérieure de la Cà
d’Oro, dont 1’ entrelacs est antérieur au dernier du palais Cavalli.
Quand on examine les séries des bons chapiteaux de cet édifice, dont
plusieurs rappellent quelque peu la disposition et la forme de quelques-uns
de la loggia extérieure du XV e siècle au Palais Ducal, on trouve bien étrange
l’appréciation risquée de Ruskin sur ce palais : « but of little merit in the de
tails » c’est-à-dire de peu de mérite dans les détails (*).
Le palais voisin Barbaro est aussi intéressant par certaines formes et
spécialement par le type du portique, aujourd’ hui muré, le long de la façade
du canal.
Comme au palais Bernardo au passage de la Madonnetta, il y a aussi dans
la façade du palais Pisano-Moretta à S. Polo sur le Grand Canal (v. fig. 44)
deux portes, mais plus rapprochées ( 2 ) et disposées au contraire sur un seul
quai en saillie et mieux rattachées à la partie supérieure qui toutefois les
écrase légèrement. A l’étage du milieu est reproduit le typique tracé des ajours
de la loggia extérieure du Palais Ducal, mais non celui des détails décoratifs,
spécialement dans les interstices des arcs, qui font douter s’ils ont été exé
cutés dans la période ogivale.
Le dernier étage, égal en hauteur au piano nobile, manque par là même
de gradation, et la longueur des fûts des colonnes de la loggia, non masquées
par l’addition d’aucun balcon, le fait encore paraître plus disproportionné.
L’ ajour à entrelacs de ce fenêtrage n’ est qu’ une suite de répétitions de
celui qui est sur chacune des grandes ouvertures angulaires du palais Giovanelli.
Les arcs des différentes fenêtres ne sont pas lobés et ne portent aucune
trace de mutilation de leurs divisions ou nasi.
Selvatico, après avoir rangé ce palais parmi les dernières œuvres du
style ogival, dit qu’il « met en évidence que l’art s’acheminait vers les autres
»systèmes en se rapprochant de l’ancien style romain. L’ordonnance générale
( 1 2 ) Texte It., p. 32.