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PREMIÈRE PARTIE
( l 2 ) Texte It., p. 34.
qui donnent à cet édifice un aspect pittoresque, il faut surtout faire remarquer
ici que l’ordonnance générale a les caractères de l’art ogival vénitien. De ce
dernier relèvent : les ouvertures latérales du rez-de-chaussée, les montants de
la porte, les arcs infléchis de la loggia, les autres fenêtres du piano notule
agrémentées d’entrelacs à imposte suspendue (l’un d’eux rappelle une des fe
nêtres de l’étage du milieu de la Cà d’Oro), les jours circulaires à dessins
combinés d’une manière variée, les contours à douples dentelures renfermant
les champs des principales ouvertures et enfin la curieuse superposition sur
la rangée de fenêtres, d’un tabernacle avec statuette ('). Appartiennent au con
traire à la période de la Renaissance, tous les chapiteaux de la loggia, anté
rieurs toutefois aux lourds balcons non moins qu’aux écussons pompeusement
ornés de cimiers animés et lambrequins, lesquels furent sculptés vers la moitié
du XVI e siècle.
Malgré le vandalisme et les démolitions du siècle actuel, il existe encore
à Venise d’autres édifices privés de construction fragmentaire et parmi eux
il faut citer le palais Mastelli dit del Cammello (d’un bas-relief de la façade)
à la Madonna dell’ Orto, où l’on remarque au milieu d’éléments disparates
des sculptures anciennes.
La façade, sur la place de Saint-Benoît, du gigantesque palais Pesaro
nous oiîre un exemple de loggie ( 2 ) avec ouvertures en nombre impair (sept)
et parmi elles (comme autrefois dans le palais Bernardo à la Madonnetta)
celles des extrémités seulement ont des balcons, tandis que les autres ne sont
pourvues que de mesquins parapets d’aspect fragmentaire.
Dans cette façade le troisième étage est manqué, et le meilleur côté,
au point de vue architectonique, est celui qui donne sur le quai.
Les balcons sont intéressants tant pour la forme que pour la décoration
des différentes parties dont ils se composent. Mais si les grandioses et riches
modillons qui les supportent et leurs montants appartiennent à la période de
transition (d’un type qu’on voit dans le palais Contarini-Fasan (flg. 46) et
peut-être de la même école d’ornemanistes), plusieurs au contraire des colon-
nettes des parapets, bon nombre des pilastres et toutes leurs cimaises furent
exécutés par des artistes de la Renaissance, dans le goût qui était en vogue
à Venise vers la fin des vingt dernières années du XV e siècle.
Étant donné l’importance de ce palais et ses autres détails, même inté
rieurs, il est permis de supposer que cette construction, peut-être même in
terrompue plusieurs fois, exigea un grand nombre d’années, et que ses par
ties accessoires ne purent être achevées que vers la fin de ce siècle.
Le palais Zorzi à Saint-Georges-des-Grecs, fut construit à plusieurs
époques et est, par là même, architectoniquement de structure irrégulière.