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PREMIÈRE PARTIE
P) Texte It., p. 34.
niques, il apparaît cependant dans la magnificence de certaines formes et dans
les types des détails, spécialement dans les chapiteaux de la loggia (sans jours)
lesquels diffèrent peu de certains chapiteaux de l’Arco Foscari du Palais
Ducal ( 1 ).
La même forme de chapiteaux du palais Seriman se retrouve également
dans la rangée de fenêtres du palais Bragadin ou Garabba, sur le quai du
Théâtre Malibran.
C’est devant cette rangée de fenêtres que s’ étend un des meilleurs balcons
de la période de transition (v. fig. 47), remarquable et pour les rapports entre
les dimensions des parties principales et secondaires, et pour les détails. Les
modillons hardis et bien profilés inférieurement déjà dé type classique, les
belles petites têtes d’amours sculptées avec grand soin et connaissance du
bas-relLef entre les arceaux sur les colonnettes du parapet, et le type d’une
des têtes originales d’hommes surmontant la cimaise à cordon habilement dé
veloppé, tout annonce que la réforme est acceptée désormais.
En examinant les détails des montants, reconnus pour être contemporains
des autres parties, on y surprend la même tendance à en revenir aux formes
de la période romaniste qu’on entrevoit encore dans la première corniche
{y. fig- 48) du susdit palais Seriman. C’est par ces détails combinés avec les
autres analogies existant entre les deux édifices que se manifeste l’action d’un
seul et même architecte et peut-être des mêmes ouvriers.
De l’examen des susdits palais et de beaucoup d’autres élevés ou reconstruits
à. cette grande époque d’activité constructive qui coïncide avec l’apogée de la
grandeur politique, militaire et commerciale de Venise, il ressort que l’archi
tecture avait pris, il est vrai, un vigoureux développement, mais que, relati
vement aux types de la Renaissance, elle ne s’était guère assimilée de nouveau
ne se détachant pas encore organiquement du style ogival-décoratif; et l’évo
lution qui ailleurs allait déjà s’opérant rapidement, ne se manifeste à Venise
que dans les détails, tout en restant même sous ce rapport en retard d’une
dizaine d’années sur l’art toscan. La première œuvre architectonique connue,
à Venise, qui appartienne vraiment à la Renaissance, c’est-à-dire la porte du
côté de la terre de l’Arsenal, porte la date de 1460, et ce n’ est guère avant
cette même année que dans le Palais Ducal apparaissent des éléments archi
tectoniques dérivant du classique et qui mêlés avec les anciens marquent les
œuvres du double caractère distinctif de la véritable période de transition.
Le Chanoine Pietro Casola, qui visita Venise dans la seconde moitié
du XV e siècle, se plaignait « qu’ un curieux commencement de palais pour maison
Sfor%a, situé sur le Canal Grande, pour V honneur des Milanais, ne fût pas terminé ».