PERIODE DE TRANSITION
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gantes et les vêtements (disposés de manière à rendre plus évident le dessin
du corps) ont des attitudes de plis bien choisies et d’un relief plus varié surtout
dans l’agile figure de la Force. L’oval des têtes (qui en rappellent plusieurs
de la margelle de puits déjà décrite de la Cà d’Oro) s’allonge d’une manière
gracieuse et les cheveux sont séparés en bonnes masses traitées avec beaucoup
de goût. Toutefois dans le modelage et dans les attaches des mains on remar
que les caractéristiques distinctives des statues supérieures.
Il faut encore tenir compte d’un autre détail, c’est-à-dire des ornements
de la cuirasse et spécialement de ceux du bouclier de la Force, parce qu’ils
trahissent nettement désormais l’influence de la Renaissance.
Comme dans d’autres travaux congénères, le sujet de ces quatres statues
n’est toutefois exprimé que par les attributs dont elles sont pourvues et par
les inscriptions du bas, et en particulier la susdite statue de la Force manque
d’énergie dans l’expression.
Peut-être faut-il attribuer le mérite supérieur et la finesse d’exécution de
ces deux dernières statues au plus grand soin apporté à ces travaux pla
cés plus que les autres à portée de l’observateur; mais il ne serait pas
néanmoins très invraisemblable que cette différence provînt de ce que Barto-
lomeo Bono mit seul la main à ces deux statues, car ce fut probablement lui
qui acheva ce travail, le signant de.son nom gravé sur l’architrave de la porte.
Et ce qui contribue à augmenter cette probabilité, c’est l’état précaire
de santé où se trouvait Giovanni Bono puisqu’il avait, le 25 mars 1442, fait
dresser par-devant notaire son testament ( l ).
Jusqu’en 1797 on voyait au-dessus de cette porte un groupe en marbre
de plein relief représentant le Doge Foscari à genoux devanl le Lion ailé de
l’Évangéliste; mais cette même année, par un acte de vandalisme, la foule
excitée par l’étranger, brisa ce travail en morceaux qui furent dispersés,
excepté un, à savoir la tête du malheureux Doge, mais mutilé, qui se trouve
aujourd’ hui dans les collections réservées (?) du Palais Ducal (y. fig. 54).
A l’exagération des cavités orbitaires, au grand relief des plis adipeux
et au degré d’incision des rides, on comprend sans aucune difficulté que ce
travail n’était pas destiné à être vu de près.
L’expression sévèrement noble du regard, la coupe fine des lèvres, la
manière dont sont modelés et particularisés les zygomas, la région maxillaire,
le menton et les attaches du cou, indiquent bien l’œuvre d’un artiste primaire.
Toutefois les yeux sont trop espacés et certaines masses adipeuses relevées
et marquées sans gradation sensible semblent, en plusieurs endroits, entortillées.
C’est vraiment un portrait; mais c’est précisément de la comparaison avec
d’autres, par exemple avec celui qu’on prétend avoir été peint par Gentile (*),
( 1 2 ) Texte It., p. 39.