LA RENAISSANCE. 95
médaillon du lion entre les fenêtres de la façade tournée vers l’Eglise, et
maître Antonio di Venturino avec son fils.
En 1495 figure également sur un compte de marbres ser xçinpiero da lucha
que je crois être le même carrarais habitant à Lucques qui quelques années
auparavant fournissait les mêmes matériaux pour l’Eglise de S. Marc (i486)
et pour la construction du Palais Ducal (1490).
Nous retrouverons bientôt plusieurs de ces tailleurs de pierres ou sculpteurs,
mais non le maître Alvise de Montagnana qui en 1494 est cité dans les comptes
hebdomadaires de la Scuola, identifié tant avec R Aluixe de montagnana di ram-
berti taiapiera qui précisément le 7 septembre de la même année servait à
Venise de témoin dans un acte du notaire Cavanis Bernardo (*), qu’avec M.
Aloysio filio q. Benededei de Lqmbertis de Montagnana sculptori lapidum marmoreum
lequel en 1498 sculptait à Ferrare le mouument de Tommasina Gruamonte.
Ce monument qui existait autrefois dans l’Eglise supprimée de S. André
delà même ville et qui, démoli, a été en 1867 transporté avec d’autres objets
au cimetière communal, je l’ai découvert en morceaux, il y a quatre ans, parmi
des débris de toute sorte amoncelés dans les dépôts de cette nécropole.
Je tirai profit pour cette découverte de la description suivante faite par
Cittadella, alors que le monument était encore à sa première place: « En bas
» est le tombeau; et à moitié de la balustrade se tient debout sur une chape
» un très bel enfant ( haut. 0,75 ) ceint d’une étoffe volante, qui toutefois ne le
» couvre pas et, les mains levées, il soutient une pierre portant une inscription
» composée par Bernardo Bembo, père du Card. Pietro, ici alors Vicedomino
» pour la République de Venise. La pierre est surmontée d’un rond frangé de
» feston d’après le faire de ceux de Luca Délia Robbia, et contenant la tête
» au naturel de Tommasina. Au-dessus du rond, et aux côtés des inscriptions,
» sont diverses armoiries aujourd’ hui en partie effacées. Au-dessous de la
» chape on lit :
ALOISIVS
MONTAGNANA
FACIEBAT. (2) ».
Bonnes en effet sont les formes de 1’ enfant ailé sculpté dans le marbre
avec soin; toutefois de ce nu se dégage manifeste l’influence de la manière
des fils de Pietro Lombardo (Solaro), et les plis de la ceinture (dont les bords
laissent encore voir des traces de dorure) ressemblent beaucoup à ceux des
fameux amours de 1’ antique bas-relief apporté à Venise de S. Vital de Ra-
venne au commencement du XIV e siècle ( v. Partie II, PI 14, fig. 1, 2 et 3).
Le portrait de Tommasina Gruamonti, au visage un peu aplati, est ce-
(! 2 ) Texte It., p. 177.