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SECONDE PARTIE
pendant l’œuvre d’un bon artiste et même les plis du voile qui recouvre la
tête sont assez fins.
J’ai retrouvé encore les morceaux du rond ou coquille de pierre avec
contour à guirlande bien sculpté; mais à l’exception du nom du sculpteur je
n’ai découvert aucune inscription.
Lodovico Ramberti ou mieux Lamberti fixa sa résidence à Ferrare et
Cittadella a recueilli des souvenirs sur son compte même dans les papiers
de 1500.
Ce que j’ ai dit donne par conséquent à supposer que Moro 1’ employa
dans la Scuola de S. Marc à quelque décoration des plus importantes ; quant
aux autres travaux exécutés à Venise par ce padouan, je n’ en saurais rien dire;
mais on pourrait du reste conjecturer des caractères du susdit monument qu’il
travailla dans 1’ atelier d’Antonio et Tullio Lombardo frères.
A propos des œuvres de complément exécutés dans cette Confrérie après
que Moro eut été congédié et qui méritent d’être ici mentionnés, je dois faire
remarquer avant tout que les confrères voulant élever dans la salle supérieure
à 1’ extrémité vers la place, un autel divisé en trois compartiments historiés,
un contrat était passé le 22 Octobre 1498 avec le sculpteur Giovanni de Stano
de Trau pour 1’ exécution du compartiment de gauche large de treize pieds.
Pour cette scène on devait sculpter dix-sept figures en marbre de Carrare
hautes d’environ cinq pieds dont neuf entières au premier plan, et en outre
des perspectives de maisons, tout suivant le modèle en cire fait par le même
maître; le fond devait être revêtu de pierres ou marbres. Maître Giovanni
s’engageait à achever ce travail en deux ans pour la somme de 450 ducats
d’or excepté les matériaux et la pose qui étaient à la charge de la Confrérie.
Mais le 2 février 1500 on observait que ce qui avait été fait n’ était pas
conforme aux conditions acceptées et après avoir pris l’avis de nombreux
confrères (parmi eux étaient des artistes tels que Gentile et Giovanni Bellini,
Lodovico et Bartolomeo Vivarini), on décidait presque à l’unanimité de ne pas
faire continuer dito lavoro per esser de gran danno et ignominia.
Aussi Giovanni Dalmata ( qui avait déjà fait les deux tiers du travail )
intentait-il un procès à la Confrérie, laquelle le 22 Juillet de la même année
trouvait plus avantageux de clore le débat par voie de conciliation ('j.
L’ histoire compte au nombre des sculpteurs de talent un Giovanni Dal
mata qui à Rome collabora avec Mino de Fiesole et Andrea Bregno ; mais
nul ne parle de sa venue parmi nous, et en réalité je ne crois pas qu’il s’agisse
ici de cet artiste, et je n’ ai pas trouvé de documents capables de jeter un peu
de lumière sur le susdit maître Giovanni de Trau ( 2 ). On ne peut du reste
mettre en doute la haute renommée dont jouissait ce sculpteur, puisque la
(* 2 ) Texte It., p. 177.