LA RENAISSANCE. 97
susdite Confrérie lui confia une œuvre si importante, le préférant à d’autres
maîtres distingués qui se trouvaient alors à Venise.
Sans doute le marbre fut employé pour un autre travail, sans doute il
fut terminé par d’autres et il peut se faire par Antonio Lombardo membre
de cette Confrérie ou par Tullio Lombardo auquel on attribue les scènes
en marbres enchâssées, elles aussi, à mi-relief dans les perspectives de la façade
( v. Pl. 96 et 98); à moins que ce ne soit celles qui ornaient le susdit autel
et qui furent enlevées lorsqu’ on allongea 1’ édifice en 1532 pour construire à
1’ extrémité opposée de la même salle une Chapelle pour 1’ autel de laquelle
L année suivante Giacomo Sansovino et Antonio degli Abbondi dit Scarpagnino
furent invités à présenter un modèle ( 1 ).
En 1415 la Confrérie faisait pour la même salle exécuter par maître
Martino de Vitello une chaire de pierre istrienne avec parapets à carrés et
miroirs de porphyre et autres marbres fins, soutenue par trois modifions ( 2 ).
Cet habile maître figure encore en 1534 sur l es comptes de la Confrérie
avec le tailleur de pierres Lodovico de feu Andrea de’Billieri de Brescia ( 3 )
et autres maîtres, pour les travaux des susdites additions rappelées, non seu
lement par les documents ( 4 ) et les caractères architectoniques de l’intérieur,
mais encore par la date MDXXXIII gravée sur le livre qui est, au lieu d’une
fleur, dans 1’ abaque du dernier chapiteau inférieur sur la façade tournée vers
le canal.
Je parlerai plus loin des autres embellissements de cette riche Scuola.
S. Maria Formosa. « On a commencé à refaire l’Eglise de Santa Maria
» Formosa par les fondations avec Y aide de Mauro Bergamasco tailleur de
» pierres architecte. » Ainsi parle dans ses Annales, sous la date du 1 er Juin 1492,
Domenico Malipiero témoin oculaire ( 5 ).
Indication qui concorde exactement avec les documents que j’ai retrouvés
et qui rappellent un procès entre les procurateurs de S. Maria Formosa et les
frères Santino et Domenico (marchand de draps) fils et hérétiers de maître
Mauro de’ Codussi ou Coducci décédé en 1504, domiciliés à Bergame, pour
certains différends relatifs à la construction de cette Église faite par ce maître.
Ce procès ( 1506), après la sentence de Michèle Salomono et Pietro Lombardo
qui avaient été pris comme juges et pour arbitres, se terminait par un com
promis ( 6 ).
Je n’ai pu retrouver d’autres détails historiques de cette construction;
mais, à mon avis, à 1’ époque où mourut Mauro bergamasque, l’intérieur, moins
les décorations de la chapelle majeure et les travaux accessoires habituels,
était déjà presque entièrement installé ( 7 ). Il n’ en était pas de même de 1’ exté-
(1 2 ii 4 5 g 7) Tex te It., p. 177.
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