LA RENAISSANCE.
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des masses ou lignes architectoniques, lesquelles, pour être juste, sont d’ailleurs
un peu trop uniformes et pauvres et qui, du moins dans le presbyterium (E),
pouvaient être (et peut-être l’étaient-elles autrefois) relevées de quelque dé
coration.
Il va de soi que la coupole actuelle à plan octogonal (F) n’a rien à voir
avec notre Renaissance, ni avec la caractéristique tendance de Moro pour les
grandes lignes et surfaces courbes.
A 1’ extérieur, excepté la bonne porte de pierre istrienne à pilastres avec
chapiteaux corinthiens qui orne l’entrée du midi du transept et le soubassement
à modénatures des absides, il n’y a rien qui rappelle la fin du XV e ou le com
mencement du XVI e siècle j 1 ).
En 1488 la vieille Eglise de S. Jean-Chrysostôme, élevée vers la fin du
XI e siècle, était en raison de sa vétusté et des dégâts qu’ elle avait subis lorsque
brûlèrent en 1475 les maisons voisines des Polo, réduite en un état qui exigeait
de grandes restaurations. Aussi le Curé Lodovico Talenti implorait-il par l’in
termédiaire de la Seigneurie et obtenait-il du Pape Innocent VIII la concession
pour dix ans d’une Indulgence Plénière en vue de recueillir l’argent nécessaire
à ces travaux. Quête qui, augmentée de plusieurs pieux legs testamentaires ( 2 )
et offrandes, se prolongea pendant quelques années, et avec un succès qui permit
non plus une simple restauration, mais bien une reconstruction complète. Dans
le Chapitre du 23 Avril 1496, après avoir décidé de démolir la vieille Eglise
menaçant ruine et de commencer ensuite de bâtir à neuf, on choisissait défi
nitivement les procurateurs de la construction, leur donnant plein pouvoir et
liberté d’action tant pour traiter et passer des marchés avec maçons, char
pentiers, tailleurs de pierres et architectes et pour se procures les divers ma
tériaux, que pour exiger les sommes promises par les souscripteurs et sous
toute autre forme à 1’ Eglise, que bona devenire debeant in edificatione et fabrica
tione predicte ecclesie et non aliter neque alio modo.
Malipiero écrivait: 1497 — A questo tempo é sta comewfi a renovar la giexia
de S. Zuan Grisostomo ; e gran parte é sta fatta de elemosene, trovae per via de
indulgentie ottegnude per la refation de quest’ opera ( 3 ).
Aussi puis-je sans crainte d’erreur prendre l’année 1497 comme date
approximative des démolitions et du commencement des nouveaux travaux dont
la direction fut confiée à maître Mauro fils de Martino des Codussi de Lenna
dans la Vallée Brembana lequel s’engageait à refaire l’église ( 4 ).
De 1497 à 1499 les documents ne nous apprennent rien sur la manière
dont marchait la nouvelle construction et sur les maîtres qui travaillaient avec
Moro; mais une heureuse découverte me permet de pouvoir au moins dire quelque
(i 2 3 q Texte lt>j p . 178 .