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SECONDE PARTIE
P) Texte It., p. 181.
Malgré tout il faut remarquer dans ces portes et principalement dans
celle qui sert d’entrée principale (v. fig. 64) l’effet animé résultant du relief
des masses et des bons rapports existant soit entre les gracieux chapiteaux et
les fûts agiles des colonnes (un peu trop fuselés), soit entre celles-ci et l’enta
blement. Au contraire l’emploi du frontispice triangulaire avec modifions, sur
une corniche complète et soutenue, ne pouvait faire autrement que de mener à
quelque faute légère. Toutefois il faut tenir compte de ce que la forme de ce
fronton et 1’ ensemble des élémenfs dont se compose cette porte marquent, par
rapport aux prototypes classiques, un progrès considérable de 1’ architecte, qui
dans les exécuteurs des divers ornements et en particulier des riches chapi
teaux composites, eut des interprètes assez habiles pour compenser et à l’excès
les légères imperfections qu’ ils pourraient rencontrer çà et là.
Au même compas appartient encore la porte plutôt grossièrement propor
tionnée qui est pratiquée dans le côté tourné vers le midi (F) et sur le fron
tispice de laquelle à arc baissé quelque seicentiste a placé un étrange obélisque
qu’ il serait temps de jeter à terre.
Une porte très semblable à celle-ci et sans doute sortie du même atelier,
sert d’entrée, du côté de la terre, à la grandiose habitation des Zorzi à
San S evero (v. fig. 6j ).
En entrant dans ce palais l’œil est de suite attiré par les chapiteaux
corinthiens des colonnes du portique qui comptent parmi les meilleurs de notre
Renaissance (v. fig. 66), et lesquels tant par la forme épanouie de la partie
supérieure, que par le type des feuillages et 1’ exécution de tous les détails,
sont tout à fait analogues à ceux des trois portes mentionnées ci-dessus.
Il y a encore à noter un détail dans ce portique : le bas entablement
(v. PL 129 fig. 1) interposé entre ces chapiteaux et le pied des archivoltes.
Ce détail inspiré des meilleurs modèles antiques de soutiens isolés, est répété
encore sous une forme meilleure et plus tranchée dans les élégants et gracieux
bifores de la cour et dans la longue série d’ouvertures médianes ou fenêtrage
avec balcons qui constitue la partie la plus caractéristique de la vasté façade
du quai (v. PL 129 fig. 2). Façade toute revêtue de pierre istrienne ; mais qui
du reste n’ offre plus rien de remarquable et laisse même beaucoup à désirer
dans la gradation des ordres, dans les proportions des ouvertures, et qui dans
l’ensemble est plutôt monotone.
Le 29 Avril 1500 (*) Domenico Zorzi, fils de Francesco, propriétaire de
cet édifice vendait des tondi ou disques de marbres au Commissariat. Bernabô;
on pourrait par conséquent déduire de ceci que ce palais (où existent égale
ment plusieurs décorations en marbre de ce genre) était déjà construit alors