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SECONDE PARTIE
il semblerait que le tombeau fût resté incomplet; et d’autres parties encore
furent laissées inachevées, comme par exemple le bas-relief de la Résurrection.
Ceci pourrait encore donner quelque valeur à certaines analogies déjà
signalées et à la conjecture esquissée par moi ( l ) qu’Antonio Rizzo avait mis
la main aux deux statues agenouillées aux côtés de l’autel. Travaux qui
en 1498, lorsqu’il s’enfuit de Venise, n’étaient pas tous entièrement achevés.
Tout le reste du monument, que j’attribue sans hésiter au compas de
Mauro Coducci, et par conséquent aussi les autres sculptures ne furent exécu
tées qu’après la mort du Doge Agostino Barbarigo survenue en 1501.
Palais Corner-Spinelli. Et je retrouve encore dans d’autres œuvres ou
édifices les caractéristiques manières de construire de Moro et parmi ce^der-
niers dans l’ordre des temps je dois citer le palais élevé par les Corner à
S. Angelo sur le Grand Canal; édifice qui passa ensuite aux Spinelli et à
d’autres propriétaires et en dernier lieu aux Salon qui l’ont fait restaurer
tout récemment.
Ici, outre les affinités contatées par moi entre le revêtement en bossage
et les pilastres angulaires de 1’ ordre inférieur de la façade (v. pl. 68 fig. 1)
et la façade de l’Église de S. Michel, viennent s’ajouter encore les analogies
existant entre les bifores des deux autres ordres et la partie supérieure de celles
que Moro fît disposer le long du côté méridional de la grande nef de l’Église
de S. Zacharie ; entre les arceaux se dessine également un jour en forme, soi-
disant, de poire (réminiscence ogivale) plutôt de cercle.
La manière d’accoupler les colonnes avec les pilastres et les équarrissages
eux-mêmes des susdites fenêtres du palais ont aussi des analogies et avec
S. Zacharie et avec la Scuola de S. Marc et en particulier avec le typique
bifore de l’Escalier de la Confrérie de S. Jean-1’Évangéliste.
Dans l’ensemble l’aspect de ce palais est plein de vie et d’élégance;
l’unique entablement comxdet est assez bien proportionné à la masse de l’é
difice et il faut aussi remarquer tant les rapports entre les deux étages su
périeurs que la distribution et la typique forme de leurs ouvertures à double
baie : gracieux héritage médiéval cultivé par tous les maîtres de la Renaissance.
Par contre l’ordre inférieur diffère trop de ceux-ci et tant par les rela
tions de la hauteur que par le manque absolu de correspondances verticales
de ses mesquines fenêtres avec les grandioses du haut. Il est bon du reste de
rappeler encore ici que cette structure déliée, conséquence des habitudes loca
les, est une des plus notables caractéristiques qui distinguent les palais véni
tiens de ceux d’une foule d’autres villes, et peut-être en ce cas faut-il plutôt
s’ en prendre au commettant qu’ à l’architecte.
(') Texte It., p. 185.