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SECONDE PARTIE
» goût et de saveur, pour ainsi dire, que V on comprend bien, mais que les paroles
» sont impuissantes à rendre.
» Cet éloge n’est pas le seul qu’ait émis Temanza; il ajoute relativement
»à l’entablement final que: «comparée aux corniches des palais Riccardi et
» Strozzi de Florence, œuvres tant vantées, 1’ ornementation (v. jig. 79) de ce
» palais n’est pas moins digne d’éloge. Que les architectes apprennent donc de
» cette œuvre de Lombardo (Santé) quelle proportion, et quelles modénatures
» conviennent à la décoration de l’ordre supérieur de tout édifice grandiose (*) ».
On ne sait vraiment sur quelles données Temanza assignait la paternité
du palais Lorédan à Santo fils (et non neveu) de Tullio Lombardo. Et il n’ eut
pas connaissance de l’année où fut décidée cette construction; autrement (comme
le remarque justement Selva) s’appuyant sur le document qu’ il découvrit lui-
même dans les registres nécrologiques de l’Église de S. Samuel, dans lequel
il est dit que Santo Lombardo « mourut le 16 Mai 1560 à l’âge de 56 ans ( 2 ) »,
il n’aurait pas attribué le modèle de 1’ édifice à ce maître. Sans doute Temanza
le crut élevé beaucoup plus tard et certainement pas avant 1524 quand, à l’âge
de 20 ans, Santo Lombardo prit en qualité de proto de la Scuola grande de S. Roch
la place de Bartolomeo Bono bergamasque; mais à la condition de ne rien faire
de lui-même et avec 1’ engagement formel que Tullio son père devait intervenir
aux consultations concernant tout ce dont le besoin se ferait sentir pour les
travaux ( 3 ). Santo Lombardo n’ occupa cet emploi que quatre années environ
et fit bien peu de chose de nouveau.
Par contre Temanza voulut lui attribuer le principal mérite de cette con
struction où, à vrai dire, excepté le type des bifores de l’étage inférieur (v. PL 131),
je ne vois rien qui rappelle à l’esprit le palais Lorédan, et même je dois dire
que les détails architectoniques et décoratifs de cette Scuola, offrent de telles
différences caractéristiques avec ceux du susdit palais, qu’ ils accusent évidem
ment une des modifications du goût du milieu, auxquelles on n’arrive que par
une succession relativement lente d’influences.
Ainsi sous le rapport de 1’ exécution 1’ art de la Renaissance dans le palais
des Lorédan reflète encore la lumière du plein midi, tandis que, dans la Scuola
de S. Roch, il n’ est plus que la réverbération d’un coucher de soleil
pompeux.
Abstraction faite des travaux extérieurs et intérieurs exécutés dans ce
palais par les maçons, charpentiers et autres ouvriers, et à ne considérer que
la façade, on ne peut s’empêcher de penser au grand nombre de tailleurs de
pierres, équarrisseurs et ornemanistes, qui dut être nécessaire pour préparer
une telle masse monumentale. Chef-d’œuvre qui, tant par l’harmonie des élé
ments organiques que par 1’ homogénéité de presque tous les détails, accuse
(12 3) Texte It. pag. 187 et 188.