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SECONDE PARTIE
qui dans ce grandiose édifice put librement produire toute son expérience et
son habileté, sans doute parce qu’ il n’ était pas, comme dans d’autres œuvres,
arrêté par le défaut d’espace, ni par l’exiguité des ressources financières ni
surtout par les avis, conseils et ingérences des commissions hétérogènes, aux
délibérations desquelles revient une partie des fautes qu’ on a coutume de
faire retomber au contraire sur les architectes.
La Tour de l’horloge (v. PI. no). La modeste horloge à marteau, soi-
disant de S. Alipe, placée sur l’un des édicules angulaires élevés en 1384 sur
la façade de la Basilique de S. Marc, devait assurément paraître mesquine et
insuffisante à la magnifique Seigneurie de Venise. Et en effet, pour ne pas rester
au-dessous des autres Communes d’Italie, elle s’ adressait en 1493 à ce Gian
Paolo Rainieri de Reggio qui en 1481 avait construit la riche horloge pour la
tour de la Commune de cette ville, et à son fils Gian Carlo, les priant d’exécuter
une œuvre identique pour la place de S. Marc, et leur faisant remettre, par
l’intermédiaire du capitaine qui résidait à Brescia, les matériaux nécessaires.
Le 3 Novembre 149s, lorsque le mécanisme compliqué de 1’ horloge fut
à peu près terminé, le Sénat s’étant entendu avec les procurateurs de S. Marc
pour la placer à la sortie de la Merceria, délibérait pour élever dans ce but
et avec le plus grand soin une construction spéciale aux frais de 1’ Etat (*)
Les travaux commencèrent en 1496.
Après avoir abattu une petite partie des vieilles maisons de la susdite
procuratie et fait les fondations, ou prolongé et renforcé encore les fondations
préexistantes avec une portion des débris de la démolition, on poursuivit les
travaux, avec l’aide de Gian Carlo Rainieri, avec tant d’ardeur que vers la fin
de 1497 la tour était déjà terminée.
Le premier Décembre de la même année, maître Simone (Campanato)
fondeur achevait l’élégante grosse cloche qui surmonte la terrasse, et dix jours
après on montait là-haut les deux géants de bronze armés de marteaux (v. PI. 111),
connus depuis sous le nom de Mori (surtout à cause de la patine ou teinte
obscure du métal). Statues que je crois modelées par Alessandro Leopardi qui
exécuta peut-être aussi la Madone assise sur un trône avec 1’ enfant Jésus, et
dont je parlerai plus loin.
Dans le compte des matériaux fournis par l’Arsenal pour le travail de
l’horloge il est question au contraire des sommes reçues le 27 Octobre 1497
per pagar Maistro Ambroxo da le Anchore per far li ziganti. Le même très vraisem
blablement qui sur d’autres notes de factures est appelé maistro Ambroxo favro,
lequel avait sans doute assumé 1’ entreprise et la responsabilité des travaux
auxquels devaient être adaptés les machines et les mécanismes par lui fournis,
( J ) Texte It., p. 188.