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SECONDE PARTIE
A Venise l’influence et peut-être aussi le ciseau de Bellano se trahit égale
ment dans plusieurs décorations sculpturales de la Chapelle Giustinian à
S. François-de-la-Vigne, commencée par suite des dispositions testamentaires
de Girolamo di Giacomo Badoer, et terminée dans les dernières années du XV e
siècle ou au commencement du XVI e par sa fille Agnès, épouse de Girolamo
Giustinian (!).
Et je retrouve encore des preuves assez, saillantes de cette influence dans
la pale de marbre de l’autel dédié à S. Jérôme (v. PI. 51), dans le bas-relief
du parapet (v. PI. 53) représentant le Jugement général ( 2 ) et dans ceux qui
reproduisent la vie du Christ dans les trois bandes autour de la chambre
(v. PI. 53, 56 et 57 fig- i)-
En effet en confrontant spécialement ces derniers et minutieux sujets
historiques avec les bronzes exécutés par Bellano (a. 1484-1489) pour le Chœur
du Saint à Padoue, on retrouve et des manières très analogues de grouper et
disposer, souvent puérilement, les divers personnages des compositions, et le
même goût dans les lignes des fonds et dans les caractères du paysage, et les
mêmes erreurs enfantines dans les proportions des figures relativement aux
divers plans de perspective, de même une absence peu différente de sentiment
esthétique dans le choix des types. Et les visages souvent aplatis, la manière
d’arranger les cheveux, les caractères des extrémités et la façon de. traiter le
bas-relief sont encore en grande partie conformes aux susdits travaux de la
sacristie de la même Basilique (v. fig. 101).
Les grandes figures de l’autel de S. Jérôme ne s’en écartent pas nota
blement; quelques-unes d’entre elles sont de plus sans élégance et même mal
proportionnées dans les membres inférieurs ( 3 ). Et certains anges, dans le bas-
relief du parapet et dans la scène du baptême (v. PI. 57 fig. 1), ont encore des
pendants dans d’autres factures de Bellano, ainsi dans les bronzes du monument
de Paolo de’ Castro dans 1’ Eglise des Servites de Padoue.
Mais au contraire plus vive et anguleuse est la manière de draper de ce
maître, beaucoup plus ingénieuse sa façon de modeler, et quoique sous le
rapport de la connaissance de la forme du corps humain, il montre, en général,
des qualités artistiques supérieures à celles que possédait celui qui sculpta les
marbres de ces bandes et de cet autel, dont les parties les plus géniales sont
les amours dans le sur-ornement et les joueuses d’instrument dans les contreforts
des soubassements.
Ces travaux ont du reste quelques caractéristiques communes avec les
œuvres des Rodari dans la Cathédrale de Côme (v. PI. 130 fig. 2 et fig. 103).
dans lesquels plusieurs veulent reconnaître 1’ influence de la Peinture Pa-
douane.
(i 23) Texte It., p. 196.