LA RENAISSANCE.
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» Grimani, le grand arc est décoré de fruits et de feuillages et supporté par
» des pilastres corinthiens, dont le sage entablement (v.fig.no) tourne sur les
» quatre (?) côtés autour de la chapelle même. Sur l’autel (v. fig. m) est une
» statue de S. Luc, qui, quoique proclamée très belle par Moschini, est bien
»loin d’être telle: à côté d’elle sont deux anges; sur le parapet de l’autel est
» un S. Pierre en demi-relief. Sansovino a écrit que toutes ces œuvres avaient
» été sculptées par un Antonio Roselli de Florence, que Bottari, dans ses com-
» mentaires de Vasari, croit être l’Antonio Rossellini, qui avec Bernardo son
» frère fut une des lumières de la sculpture florentine. Toutefois à ce sujet
» Cicognara observe avec raison qu’ il y a une trop grande différence entre
» ces œuvres médiocres de S. Giobbe et les œuvres si remarquables (v. PI. 148
» le bas-relief qui se trouve au Musée de Berlin), que Florence garde de Ros-
» sellini, pour qu’ on puisse souscrire au sentiment du crédule annotateur. Il
» est incontestable d’ailleurs que cette chapelle Grimani accuse dans le goût des
» ornements et dans les modénatures le faire des Toscans. Et il apparaît éga-
» lement dans la suivante (P), elle aussi décorée d’une ancône très ornée et des
» pilastres accoutumés (v. fig. 112). La voûte est partagée en cercles renfermant
» les Évangélistes en terre cuite peints et vernis à la façon des travaux de la
» famille Dalla Robbia (v. fig. 113). Ces demi-figures ne sont pas grand’chose,
»mais rappellent sans doute le pur style florentin d’alors (*) ».
Il semble vraiment impossible que des critiques d’art aussi renommés ne
se soient pas aperçu du quiproquo commis par Sansovino qui confond l’auteur
de l’autel de S. Luc ou des Grimani avec celui de 1’ autel de la Vierge dans
la Chapelle Martini contiguë, et cela est d’autant plus étonnant que les diffé
rences de style de ces deux œuvres, on peut le dire, parlent assez d’elles-mêmes
(v. PI. 44 fig. 1 et fig. m). Comment essayer de les combiner avec l’assertion
de Sansovino déclarant qu’ il a retrouvé le faire toscan dans les détails de la
Chapelle Grimani !
Alfr. G. Meyer, dans son remarquable travail sur les monuments funé
raires vénitiens de la première Renaissance ( 2 ), a cru au contraire devoir attri
buer l’autel des Martini à Bellano. Mais comme cela ressort de la comparaison
des autres travaux d’Antonio Rossellino (Gambarelli), tels que le tombeau du
Cardinal Jacques de Portugal à S. Miniato à Florence (V. PI. 44 fig. 2) et celui
de Marie d’Aragon, épouse d’Antoine Piccolomini, dans l’Église de Montoliveto
à Naples, terminé par Benedetto de Maiano, et comme finalement l’a déter
miné Schmarsow ( 3 ) qui a également l’erreur d’ubiquité de Sansovino: le projet
de l’autel appartient au contraire à Rosellino qui, excepté la seule statuette
de S. Jean-Baptiste, confia l’exécution des sculptures à quelque élève ou parent
beaucoup moins habile que lui à manier le marbre ( 4 ).
(1 2 3 4) Tex te it., p. 199.