Full text: La renaissance (Seconde partie)

LA RENAISSANCE. 
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au XVII e siècle ne permettent cependant pas de décider si réellement ce prince 
ordonna seulement l’érection des autels ou même d’un oratoire quelconque. 
Et à ce propos il est utile de rappeler que,, dans la seconde moitié du 
XV e siècle, étaient encore en usage les autels formés de coffres ou tables sur 
lesquelles on plaçait des ancônes ou pales de bois avec peintures richement 
encadrées, comme on le voit dans la Chapelle des Corner (1474) aux Frari, 
comme on le fit en 1488 dans la sacristie de cette dernière Église, et comme 
en témoignent éloquemment les planches et ancônes recueillies dans nos Musées 
et ceux de l’étranger. 
En bois était également la pala du maître-autel de S. Giobbe, provenant 
de l’Église primitive, comme celle qui, d’après Sansovino, dédiée à S. André, 
avait été peinte par Francesco de’ Franceschi et sculptée par Gaspare Moran- 
zone ( 1 ), et comme le triptyque de l’Annonciation aujourd’hui dans la sacristie 
sur le soi-disant autel de S. Luc ; triptyque qui était d’abord placé sous la chaire 
à l’endroit ( S ) de la nef où le sculpteur parisien Claude Perrault fut chargé 
d’élever le monument de René comte d’Argenson (f 1651) : vrai délire d’un 
barochi.sme monstrueux. 
Basaiti, Carpaccio, Previtali, Paris Bordone, Savoldo firent ici preuve de 
talent dans les tableaux dont les chargèrent les différentes familles auxquelles 
on accordait peu à peu l’usage des premiers autels, mais plus que tous les 
autres se distingua Jean Bellini avec la grande pala de l’autel dédié à S. Job (N), 
représentant la Madone sur un trône avec l’Enfant, S. Job, S. Jean-Baptiste, 
S. Sébastien, S. Louis, S. François et deux jeunes gens jouant de la musique. 
Peinture qui avec d’autres de cette Eglise est allée enrichir la Galerie R. de 
Venise, et qui, d’après Sansovino, serait le premier tableau à l’huile exécuté 
par ce grand maître. 
Assertion qui semble indiquer d’une manière approximative que cette 
œuvre fut commandée peu de temps après la mort du Doge Moro ( 2 ). 
Il faut admirer également dans l’autel les élégantes proportions de la 
partie architectonique composée en forme d’entrée voûtée; le type toutefois et la 
combinaison de certaines membrures de la corniche et des impostes ne sont 
pas très jolis. Riches et gracieux, quoique tournant à la sécheresse, sont les 
divers ornements sculptés dans le parapet, sur la frise du soubassement de la 
pale, le long des pilastres, dans la partie supérieure et sur les chapiteaux qui 
au lieu de volutes ont des dauphins; chapiteaux qui sont en outre répétés dans 
la perspective du tableau. 
Deux autres autels semblables et exécutés par les mêmes ciseaux existent 
encore aujourd’hui à Venise; l’un, que je regarde comme inférieur à tous 
(v. PI. 103 fie. 1), se trouve aux Ss. Jean-et-Paul à droite en entrant par la porte 
(> 2 ) Texte It., p. 202.
	        
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