8
SECONDE PARTIE
Excepté plusieurs parties refaites assez récemment, comme par exemple
les ailes et 1’ évangile, cette sculpture symbolique est dans son genre 1’ une
des rares qui aient échappé aux dévastations dont se rendit coupable en 1797
le Gouvernement démocratique ( 1 ).
Quoiqu’ elle n’ait pas, à vrai dire, une grande valeur esthétique et ait été,
comme tant d’autres travaux de cette époque, exécutée de manière en vue de
1’ effet décoratif, toutefois le mouvement en est très animé et il y a certaines
parties assez bien traitées, telles que la crinière et la moitié supérieure de la
tête ; par contre la partie inférieure du museau fait plutôt songer à 1’ hippo
potame qu’ au soi-disant roi des forêts.
Cette sculpture qui révèle déjà l’influence de l’art nouveau, a cependant
dans son ensemble surtout les caratéristiques de 1’ Ecole vénitienne et ce ne
serait peut-être pas s’éloigner beaucoup de la vérité, d’attribuer ce travail à
Bartolomeo Bono ou à un autre sculpteur analogue.
Les lions en bas-relief dans les dés des piédestaux, travaux assez médio
cres, plutôt lourds et mal proportionnés, accusent d’ailleurs comme perspective
l’influence de la Renaissance.
Quant aux autres travaux de sculpture qu’ on y trouve aujourd’ hui, je
rappellerai que la statue médiocre de la patronne S. Justine qui domine l’acro-
tère du frontispice, fut, d’après F inscription, exécutée par Girolamo Campa-
gna en 1578, et selon Zucchini ('), pour en remplacer une autre qui était tombée
en 1569 par suite de l’incendie des magasins à poudres de guerre. De la même
époque sont encore les vases disposés sur les autres acrotères.
La statue antérieure à celle de Campagna n’ était pas, du moins à mon
avis, mise en place à la fin du XV e siècle, car elle ne figure pas sur la grande
Vue de Venise exécutée par Jacopo dei Barbari (?) et portant la date de 1500
(v. fg. 4).
La forte saillie du frontispice et la hauteur de F attique ne permettraient
pas de supposer qu’ on ait pensé à F origine à placer des statues, en bons
rapports avec les larges masses architectoniques, même sur les contreforts de
F entablement.
Comme le porte F inscription centrale de la frise, cette porte servit ensuite
de monument commémoratif de la bataille navale de Lépante, gagnée en 1571
par les Vénitiens et leurs alliés; et c’est vers cette époque que furent ajoutées
les deux figures de Victoires ailées, en bas-relief, que F on voit aux côtés de
F extrados de F archivolte ( 2 ).
L’ auteur de cette porte est inconnu et la plupart des conjectures émises
à la légère par certains critiques modernes ne méritent pas d’être rapportées,
discutées encore moins.
(> 2 ) Texte It., p. 140 et 141.