LA RENAISSANCE.
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aujourd’ hui à la Galerie R. de Venise, et qui dans une Croix sculptée par
Caterino Moranzone et par lui peinte pour les moines Augustins de la terre
de Verruchio, est ainsi désigné: MCCCC1I1I Nicolaus Paradixi Miles de Veneciis
pinxit et Chatarinus sancti luce incixit ( 1 ).
A en croire les Chroniques, 1’ ancône qu’ avait fait peindre Francesco
Amadi fut quelque temps sans faire de miracles. En 1480 messire Marco de’ Pasti
(fils de Jacques, sans doute orfèvre, dont la boutique était près de là) y allumait
des lampes et des cierges, spécialement le samedi, et l’ ornait de fleurs et de verdure,
ce qui fit que les gens commencèrent à V avoir en grande vénération ( 2 ).
Mais Lodovico Barozzi, propriétaire de la maison à laquelle l’ancône était
suspendue, ayant décidé de la faire transporter à S. Moise où il demeurait,
Angelo Amadi dans les derniers jours d’Août 1480 1’ enleva de cet endroit et
la fit placer dans la cour de son habitation ( 3 ), en attendant qu’ il eût recueilli
des offrandes, acheté et démoli certaines maisons voisines pour commencer la
construction d’une Eglise destinée au culte de l’image
Barozzi qui réclamait la propriété de 1’ ancône intenta un procès aux
Amadi; mais inutilement, car le 28 Septembre de la même année le tribunal
déclarait justement:.... ipsatn imaginent, et ancbonam esse illorum de Ch à Amadi,
et conseguenter posse stare in eorum domo sicut nunc est, quo usque factum fuerit
Sacellum, seu Ecclesia in venerationem ipsius Beatissimae Virginis in loco ubi nunc
dirutae sunt domus, quae emptae sunt in Curia nova Contratae S. Mariae Novae
causa Sacelli seu Ecclesiae ipsius fabricandae.... ( 4 ).
Outre la permission du Patriarche (21 Octobre 1480), les Procurateurs de
la construction obtenaient du Pape Sixte IV une Bulle (13 Janvier 1481) pour
P érection de cette Eglise et, P emplacement une fois débarrassé des décombres
des maisons renversées, on s’ occupait de préparer la translation solennelle de
P ancône déjà proclamée miraculeuse.
Quoique V exposé de la longue série des miracles attribués à cette image
et relatés par les chroniqueurs et la liste des ex-voto et dons qui en furent la
conséquence, puissent fournir une ample matière à qui voudrait retracer l’une
des époques les plus importantes de 1’ histoire religieuse de Venise, cependant
je ne crois pas devoir retenir longtemps sur ce sujet l’artiste et le lecteur in
telligent, pour lesquels l’édifice même est certainement le livre qui, sous la forme
la plus splendide, exprime l’intensité de la croyance religieuse qui, à cette heurè
de réforme, animait ou remuait cette société aussi riche et aussi dépravée que
superstitieuse.
Il me suffira de dire ici que la puissance miraculeuse de l’image ne com
mença à se révéler que beaucoup d’années après 1408 ; c’ est-à-dire un peu
après 1467, lorsque le Pape Sixte IV, voulant trancher les différends qui parta-
(1 2 3 4) Texte It., p. 205 et 206.