152
SECONDE PARTIE
L’indépendance de la décoration architectonique de la structure murale
s’accuse encore dans le manque de rapport entre les axes des fenêtres infé
rieures sur les côtés de la chapelle et les jours circulaires et les centres de
courbure des frontispices supérieurs.
Assurément le défaut absolu de liaison à l’intérieur de la nef entre les
éléments qui supportent la voûte et les fenêtres, n’a rien d’agréable et, comme
le pensait Selvático, c’ est encore une grande diiformité que la différence de
relations que présentent l’arceau de l’entrée de la Chapelle et l’arceau tan
gent à l’ample voûte de bois (v. PL 3). Défaut d’harmonie qui a son origine
dans la forme du premier plan incomplet ou tronqué, pour des raisons d’or
dre économique, d’une des parties indispensables à l’édifice: le chœur.
Avant de passer maintenant à l’analyse des détails architectoniques, le
front du critique, même le plus sévère, doit ici forcément prendre un air
calme et serein.
En commençant l’examen par l’extérieur, dignes d’éloges sont les rap
ports existant entre les pilastres et la première corniche et le groupement des
modénatures dont cette dernière est formée (v. PI. 26 fig.). L’ornement ter
minal (v. PL 28 fig. 2), tenu indépendant du dernier ordre, satisfait bien l’œil
et ce couronnement a quelque chose de grand. Insignifiante ou trop faible,
malgré le caractéristique robuste bâton à mailles de chaîne qui entoure si
heureusement l’édifice, est toutefois l’architrave de cet entablement; mais les
autres parties qui la composent sont très bien proportionnées, et riche et élé
gante au suprême degré est la corniche avec modillons qui se répète et se
développe sur le grand fronton de la façade et sur ceux du chœur. Entière
ment libre et variée est la forme des gracieux chapiteaux corinthiens (v. Pl. 26
fig. 2), et les ioniques (si négligés par les architectes de la Renaissance) en
tenant compte de l’un des premiers essais de cette revendication classique et
de leur emploi sur pilastres (légèrement saillants), sont tracés avec une cer
taine timidité nullement désagréable (v. Pl. 27 fig. 3).
Bonnes également sont les proportions des portes surmontées de frontis
pices à segment circulaire, et il faut remarquer encore et l’harmonique déli
catesse avec laquelle ont été gradués les reliefs des superficies planes et la
façon gracieuse de disposer ou combiner les profils des membrures, ornées
d’ailleurs avec le goût le plus exquis.
A l’intérieur, la vraie décoration architectonique des murailles de la nef
est presque nulle, étant à peine déterminée par une sorte de stéréobate avec
bande revêtu de marbre et marqué dans le haut par un entablement, avec
frise à feuillages, suffisamment bien profilé ( l ). En haut court une étroite cor
niche de laquelle sortent les petits corbeaux des voûtes (v. Pl. 2, 3 et 4).
(B Texte It., p. 209.