Full text: La renaissance (Seconde partie)

LA RENAISSANCE. 
159 
niée par quelques-uns sans apporter aucune espèce de raison et à mon avis 
inconsidérément. 
Quoique alors, même à Venise, le goût fût porté à admirer tout ce qui 
pouvait avoir une saveur antique, je ne puis croire que les pieux commettants 
et les procurateurs de ce Sanctuaire, comme il s’ agissait d’œuvres qui dans 
la forme présentaient un type tout autre que chrétien et qui devaient prendre 
place dans un endroit si visible, ne reçurent pas de l’auteur des raisons plau 
sibles sur la signification, assurément non en opposition avec le lieu, de ces 
importants travaux. 
Elt il ne me semble pas qu’ en s’identifiant avec 1’ esprit subtilement 
chercheur de ce temps, il doive être très difficile (malgré les dégâts soufferts 
par les marbres) d’y retrouver une personnification des saisons et des trois 
périodes les plus notables- de la vie. 
Ainsi sur la face intérieure du socle de droite (v. PI. 25 fig. 4), dans les 
deux figures angulaires (une jeune fille qui presse la main sur son cœur et un 
jeune homme avec les cheveux soigneusement arrangés) d’où sortent des tresses 
et où sont tournées l’une vers l’autre deux branches luxuriantes de vigne, jointes 
ou rattachées à la chevelure d’une tête ailée de génie ou chérubin souriant, il 
me semble, dis-je, que 1’artiste, se rappelant le concept d’un monument chré 
tien où se tient entre les époux un messager céleste, ait voulu faire allusion à 
un sentiment commun, c’est-à-dire aux liens sacrés de l’amour; à ce prin 
temps de la vie si bien déterminé par les formes de ces nus et peut-être 
encore par les petits fruits amers que deux amours joufflus tiennent à la 
main. 
La sirène (aux formes féminines peu accentuées) qui dans le milieu de 
1’ autre côté (v. PI. 25 fig. 3) baisse la tête vers un guerrier avec barbe auquel 
un amour présente, non volontiers, une poire, indique surtout les séductions 
ou les attraits de la mer pendant la saison d’été, d’ailleurs, bien personnifiée 
par 1’ âge viril de cette vigoureuse figure de soldat. 
Sur la face intérieure de l’autre socle (v. PL 30), l’enfant nu qui tient 
de la main gauche un harnais, qu’on a peine à discerner, et de la droite un 
grappillon de raisin, désigne clairement l’automne. 
En réalité il n’est pas difficile de percevoir l’allusion à l’hiver et à l’âge 
le plus avancé de la vie dans le dernier haut relief (v. PL 19). Là dans l’angle 
extrême, sur un fond complètement dépouillé de toute végétation, apparaît un 
vieillard chauve, l’air sombre, avec cuirasse et manteau, auquel se tient unie 
une figure de femme plus âgée que les autres, le front serré par un bandeau, 
et qui élevant les yeux au ciel s’ éloigne d’un génie vêtu d’une tunique relevée 
à large bande, lequel semble vouloir la retenir. Dans une direction opposée 
un amour semblable tient de la main droite une pomme et de la gauche saisit
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.