LA RENAISSANCE.
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tours des tiges, et les riches et variés groupes de feuillages, et le goût exquis
des sculptures et l’incomparable délicatesse de l’exécution qui atteint ici le
dernier point au delà duquel on glisse dans le fade, on tombe dans le flasque.
Et ici malgré la profusion et le mouvement des diverses branches de
vigne, des vrilles, des feuilles, des efflorescences et des autres ornements (v. PI. 25
fig. 4), ressortent admirablement des masses avec vifs clairs-obscurs, et l’emploi
sage du haut, du bas et du plat relief pour mettre en saillie les principales
parties et lignes de la composition, ôte à ces décoratives tout aspect, toute
apparence de confusion.
Dans l’Eglise des Miracles, outre les grandioses décorations des soutiens
verticaux de l’arc de triomphe, on compte une soixantaine de pilastres ou
pilastrins sur lesquels les ornemanistes, assurément lombards la plupart, trou
vèrent place pour donner libre carrière à leur imagination par la plus grande
variété de formes.
Ces compositions par rapport au motif principal du dessin peuvent tou
tefois être groupées ou séparées en deux types : l’un à fût droit ou bâton
central, l’autre à tige infléchie ascendante. L’ornementation résultant des com
binaisons d’éléments géométriques fut entièrement bannie de ces parties.
Et la féconde invention et l’habileté de ces taîapiera à choisir, à com
poser et varier les détails infinis de ces œuvres — dont quelques-unes (v. PL
16 fig. 1) même par le goût délicat de l’exécution révèlent la même origine
que plusieurs décoratives de notre Palais Ducal — ont laissé à chaque pas
des traces dans cette Eglise ; et je donne ici un spécimen des plus notables
que j’ai rencontrées (v. PI. 13, 15, 16, 17, 29, 30 et fig. 127, 128, 129, 130, 131,
132, 133 et 134), afin que l’amateur puisse, mieux que par une simple descrip
tion, se former au moins une idée approximative du caractère de ces orne
ments et de la perfection à laquelle était parvenu à cette époque l’art du dé
corateur.
En tenant compte de la grande quantité de ces travaux et autres secon
daires et du temps, assez court du reste, écoulé entre le commencement et le
terme de la construction, on peut raisonnablement supposer que Pietro Lom
bardo (occupé encore sur les entrefaites à d’autres travaux importants) dut
employer outre le concours de ses parents et dans une large mesure celui
d’autres maîtres. Chose à mon avis démontrée encore par les différences non
légères de caractères que nous retrouvons dans les ornements.
Ainsi en général le goût plus soigné et la délicatesse technique plus
grande indiquent que ce ne furent pas les mêmes artistes qui exécutèrent les gra
cieux et très divers chapiteaux et les charmants pilastrins des sièges de la
Chapelle (v. PL 18 fig. 1, Pl. 29 fig. 3 et fig. 133), et qui exécutèrent presque
toutes les parties analogues du palier qui la précède (v. Pl. 15 fig. 2, Pl. 29