LA RENAISSANCE.
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phète Jérémie; dans les deux carrés du milieu sont représentés Moise et Japhet
et dans le dernier caisson près du chœur on voit S. Jean-Baptiste avec l’ins
cription Ecce Agnus Dei, qui de cette manière se rattache parfaitement dans le
plan général au mystique Agneau sculpté au milieu de l’intrados de l’arc
triomphal.
Chacune de ces figures tient une liste blanchâtre avec le nom relatif ;
nom parfois répété et très probablement par quelque restaurateur auquel on
doit encore deux têtes de prélats mal peintes et sans aucun lien avec les
cohortes des saints de l’ancien Testament qu’ y représenta Pennachi, comme
avant-garde, devant le sanctuaire dédié à la Mère du Messie précédé et an
noncé par eux.
Le calme recueilli et la sévérité que respirent la plupart de ces têtes fait
naître dans l’esprit de l’observateur un sentiment tranquille et grave, bien
différent de l’impression confusément délicate qu’ on éprouve en parcourant
du regard les multiformes décorations de marbre qui enrichissent les autres
parties de F Eglise.
Toutefois dans ces travaux, comme à S. Marie-des-Anges du Murano et à
Venise dans l’Église de S. Jérôme des Jésuates, PennaCchi manqua du courage,
ou plutôt de la science nécessaire pour dessiner ces figures en rapports de
perspective avec la place occupée et cela malgré que les autres peintres con
temporains se fussent déjà affranchis des liens du vieux conventionnalisme.
Le même maître peignit encore les 19 Sibylles dans les panaches de
gauche, et dans ceux de droite autant d’héroïnes de l’Ancien Testament (').
Les interstices fermés autour des petits caissons sont tous fantastiquement
décorés de dryades, sirènes, faunes, génies ou anges, macarons, dauphins, têtes
d’animaux, branches de vigne, feuillages, rubans, cartels, etc., tous peints en
clair-obscur sur fond azur.
Chacun des cinquante compartiments a son motif ornemental différent,
et pour avoir un spécimen de la variété de ces typiques décorations, j’ ai exé
cuté sur place plusieurs aquarelles reproduites ensuite en chromolythogra-
phies qui ne me satisfont point ( v. PI. 8 et 9 fig. 1 ).
Marco Moschini a écrit que Pier Maria Pennachi, en même temps qu’ il
achevait ce plafond « cessa aussi de vivre en 1528 ( 2 ) ». Je ne sais vraiment à
quelle source il a puisé cette indication qui ne concorde guère, ce semble, avec
la Cronichetta citée plus haut et où il est dit qu’ il ne manquait en 1488 qu’ une
partie de la toiture et qu’ il ne restait à faire en Novembre 1489 que pour quinze
ou vingt jours. D’ après Boschini encore, Pennachi peignit en outre dans cette
Église « F orgue avec F Annonciation au dehors, et à F intérieur les Ss. Pierre
» et Paul ( 3 ), et dans le puits plusieurs scènes en clair-obscur ».
(* 2 3 ) Texte It., p. 219 et 220.