LA RENAISSANCE.
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Cette famille Lombardo exerçait l’art ou l’industrie de la soie (*) et était
très vraisemblablement originaire de la Lombardie.
Les susdits travaux qui rappellent quelque peu les manières de Sansovino,
ont des analogies avec certaines historiettes et figures mythologiques sculptées
dans les piédestaux et dans la partie inférieure de la Loggetta du Campanile
(v. PL 136 fig. 2) et plus encore avec un bas-relief que 1’ on voit dans 1’ une
des petites cours de la Chartreuse de Ferrare, représentant la Madone sur un
trône avec 1’ Enfant, S. Georges debout (qui rappelle en outre les manières de
Tullio ou d’Antonio Lombardo) et l’un des Este agenouillé.
Vasari, dans la description des œuvres de Giacomo Sansovino, à propos
des élèves de ce maître, écrivait: « Il a eu encore pour disciple Girolamo de
» Ferrare, dit le Lombardo, lequel a appris et du premier Sansovino »
(Andrea Contucci) « et de ce second, la manière de travailler, qui, outre les
» choses de Lorette, a exécuté beaucoup d’œuvres de marbre et de bronze à
» Venise. Celui-ci se mit à 1’ école de Sansovino à 1’ âge de trente ans et avec
» peu de dessin, quoiqu’ il se fût déjà auparavant adonné à la sculpture, étant
» plutôt homme de lettres et de cour, que sculpteur; néanmoins son application
» fut telle qu’ il arriva en quelques années à cette perfection que 1’ on voit dans
» ses œuvres de demi-relief, qui sont dans les constructions de la bibliothèque
» et de la loggia du clocher de Saint-Marc ; œuvres où il réussit si bien, qu’ il
» put ensuite faire seul les statues de marbre et les prophètes qu’ il exécuta,
» dit-on, à Notre-Dame de Lorette ».
Vasari parle encore auparavant de ce Gerolamo ferrarais dans les vies
d’Andrea Contucci, de Tribolo, de Simone Mosca et de Benvenuto Garofalo et
dit même qu’ il dut travailler à Notre-Dame de Lorette sans discontinuer
de 1534 à 1560.
Bien que cette indication soit antérieure à l’assertion ci-dessus, elle semble
néanmoins quelque peu en opposition avec la présence à Venise, et certaine
ment pendant longtemps, de ce maître alors que 1’ on construisait la biblio
thèque, dont l’érection, quoique déjà décidée en 1532, ne put commencer que
trois ans plus tard; et on peut en dire autant des sculptures de la Loggetta
qui ne fut pas commencée avant 1538.
Comme je le ferai mieux connaître dans la suite, Gerolamo était fils
d’Antonio di Pietro Lombardo, auteur de notre Eglise des Miracles, et avait
deux frères, l’un nommé Aurelio, né avant lui en 1501 et l’autre appelé Lo
dovico, lesquels exerçaient tous le même art. Et comme par conséquent l’âge
de trente ans assigné par Vasari à Gerolamo quand il entra à 1’ atelier de
Sansovino arrive à coïncider avec l’âge qu’ il pouvait avoir lorsque se faisaient
les susdites constructions, je crois pouvoir en conclure que le biographe arétin
O Texte It., p. 221.