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SECONDE PARTIE
d’aucun nom, il est vrai, mais pour quiconque a la moindre notion artistique,
elle est évidemment l’œuvre de l’auteur d’Ève.
A propos de ces travaux, voici comment s’exprime le Cicerone ( 4 ) : « Les
» statues d'Adam et d’Ève, sur le revers de la Porta délia Carta...., offrent un
» sujet très différent, dont la représentation est rare dans la sculpture italienne
» de la Renaissance. La première Renaissance, même à Florence, n’a qu’excep-
» tionnellement pris pour sujet de ses statues des corps nus, et, dans ce cas,
» elle s’est presque toujours bornée à représenter des enfants. Les deux statues
» de Rizzo y gagnent un nouvel intérêt, ce sont d’ailleurs les deux œuvres les
» plus artistiques de la sculpture vénitienne. Elles l’emportent de beaucoup par
» l’habile modelé du corps » sur les travaux du grand monument du Doge Tron
aux Frari, « l’Adam, surtout, regardant en avant, est, par son mouvement de
» bel essor, par l’expression saisissante de son repentir, une œuvre unique à
» Venise, et qui se rangerait parmi les meilleures œuvres contemporaines de
» Toscane. Eve, dans une attitude et avec un geste moitié de pudeur, moitié de
» coquetterie, rappelle singulièrement, par son naturalisme sans prétention,
» l’art septentrional et surtout l’Eve du tableau d’autel de Van Eych à Gand. »
Quant à la statue de Mars (v. P. 11, pl. 48 fig. 2), peut-être exécutée pos
térieurement aux précédentes, placée dans la première niche sur la cour, et
dont les aplombs, la ressemblance et la manière dont est traitée la tête, la
forme classique du tronc et les membres inférieurs modelés au contraire avec
beaucoup d’exactitude, rappellent le genre de Rizzo, Burckhardt ( 2 ) ajoute:
« Je crois reconnaître la même main, et non pas Lorenzo Bregno..., dans
» la Statue d’un porte-écusson immédiatement à côté de l’Adam (vers la cour);
» c’est une figure revêtue d’une armure antique, dans l’allure et le style de
» l’Adam, avec plus de rudesse peut-être et moins d’expression ».
Dans le même Arco Foscari appartient, à mon avis, au même ciseau ou
au même atelier, la figure de l’ange à gauche sur la base de la grande ai
guille (P. 1, pl. 18 et 32) et, excepté le guerrier et les trois premières statues
qui dominent le grand contrefort angulaire, toutes les autres qui couronnent
le côté tourné vers la grande cour, ainsi que les deux sur les aiguilles aux
côtés de l’horloge ( 3 ). J’appuie mon opinion sur la comparaison de ces figu
res avec plusieurs du monument du Doge Tron (f 1473) aux Frari, dont San-
sovino a pu dire: «La statue de Nicolo Trono, 67 e doge, avec « plusieurs au-
» très figures qui y sont, fut exécutée par Antonio Bregno ( 4 ) ».
Le Monument Tron (P. II, pl. 47) que fit élever Filippo Tron, fils du Doge,
est par la masse le plus grand monument funèbre vénitien de notre Renais
sance et n’a pas de rapport avec les œuvres toscanes analogues de cette période.
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