LA RENAISSANCE.
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probablement aussi travaillé (*); et par conséquent ce serait une hypothèse
par trop risquée que de l’identifier avec ce Michele di Giovanni dit de Milan
qui vers la fin du XV e siècle travaillait dans les Marches avec son fils Lodovico
et Giorgio Lombardo ( 2 ).
J’ ai parlé plus haut du très fin bas-relief de pierre istrienne (1 m. 44
X o m. 75) qui ornait autrefois 1’ entrée de cette Scuola (v. fig. 31), attribué
par Bode à Bartolomeo Bellano et où j’ entrevois encore pêle-mêle les manières
délicates de Pietro Lombardo; et maintenant je dois dire qu’il ne me semble
pas du tout improbable qu’ il ait été exécuté pendant qu’ on entreprenait les
travaux de cette cour et, suivant 1’ usage, placé depuis sur la porte principale
de la salle inférieure peut-être encore avec quelque ornement à l’entour ( 3 ).
On ne sait quand fut commencée la construction de cette cour qui devait
certainement comprendre des remaniements et des additions aux constructions
contiguës ; toutefois je ne me crois pas éloigné de la vérité en la regardant
comme commencée vers la fin de 1478 ou au commencement de 1479, c’est-à-dire
peu de temps avant que Bellano ait été envoyé par la Seigneurie de Venise à
Constantinople avec Gentile Bellini.
Il pourrait encore se faire que le maître padouan ait fourni quelque
dessin de ce travail; mais, excepté le motif de la partie centrale, la forme
caractéristique de la décoration architectonique et les détails s’ écartent nota
blement des œuvres exécutées par lui et accusent au contraire une grande
harmonie avec l’extérieur de l’Église des Miracles, raison pour laquelle
beaucoup, suivant la première impression, attribuèrent aussi ce travail entière
ment à Pietro Lombardo.
Bon est l’aspect, élégant est le mouvement des lignes déterminé par le
faîte sur 1’ entrée, admirable encore la manière dont furent disposées et pro
portionnées les parties principales, et l’application ensuite des frontispices
triangulaires (un peu trop pointus) n’ est pas seulement d’un bon effet, mais
mérite encore d’être remarquée, parce que c’ est la première fois que cette
forme classique, déjà employée dans la porte de S. Michele, apparaît sur les
autres parties des édifices vénitiens.
On remarque encore une certaine timidité générale dans le profil ; les
petits pilastres des fenêtres sont trop grêles, 1’ archivolte du fronton est un peu
maigre, et les petites ou mesquines tours à volutes qui en ornent le sommet
et le pied ne peuvent avoir été conçues par Pietro Lombardo.
L’ornementation est en général bien comprise et distribuée sans excès;
si non tous les chapiteaux, du moins quelques-uns sont assez bien exécutés et
par le caractère des feuillages ont beaucoup de ressemblance avec ceux de la
porte de S. Zacharie travaillés par Giovanni Buora ; on admire dans la frise
(12 3) Texte It., p. 222.