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SECONDE PARTIE
la richesse de la composition et le jeu des courbes creusées avec grand soin
(v. PI. 71); mais certaines capricieuses frisures et emmanchements et la scul
pture de la partie végétale s’ écartent beaucoup des décoratives de P Eglise de
S. Marie-des-Miracles; différences qui, quoique à un degré moindre, sont encore
sensibles dans les ornements courbés autour de la porte et spécialement dans
le type des feuilles à lobes très pointus et très mouvementés.
Et P on pourait encore moins retrouver les manières de Pietro Lombardo
dans les deux anges moitié à genoux à l’extrémité de la séparation, qui, quoique
exécutés dans un but décoratif, ne sont pas cependant dénués de tout mérite.
La décoration sculpturale a ici son point saillant dans 1’ aigle symbolique
de 1’ Evangéliste placé dans le tympan, et si la manière dont ont été exécutés
certains détails de cette sculpture ne révélait un artiste de la Renaissance, on
croirait être de nouveau devani un fragment de l’époque où la forme se trou
vait encore resserrée dans les langes de l’hiératicisme. Rechute imputable
non seulemept aux commettants, mais encore à l’exécuteur qui assurément ne
saurait être Pietro Lombardo.
Et maintenant, pour conclure, me demandera-t-on: peut-on vraiment attri
buer à ce maître ornemaniste et sculpteur un édifice dont 1’ exécution, appa
remment, lui échappe absolument ?
Problème un peu délicat; mais, à mon avis, la solution nous est donnée
par l’Eglise des Miracles. Eglise qui suivit immédiatement ce travail j 1 ) et
dans laquelle Pietro Lombardo fit servir les mêmes éléments architectoniques
à une même note typique.
Outre le modèle il est probable que Pietro Lombardo se chargea encore
tout d’abord des travaux de la cour, travaux qu’ il ne continua pas parce qu’il
fut obligé de satisfaire d’autres commandes, et parmi ces dernières, assurément,
figure le magnifique monument du Doge Pietro Mocénigo.
Quant à 1’ exécution de cette œuvre on ne peut, à mon avis, en conclure
autre chose, sinon qu’ elle fut exécutée par quelque autre maître lombard, et
sans doute qu’y prirent part Giovanni Buora et ce Michiele qui en 1484 avait
déjà terminé pour cette Scuola la chaire ou ambon cité plus haut; chaire dont
on ignore le destinée; mais il est permis de supposer qu’elle devait, outre les
dorures, être encore chargée de divers ornements ( 2 ).
La cour de la Scuola de Saint-Jean-l’Evangeliste rappelle à la pensée la
gracieuse, sinon régulière et absolument belle, façade du palais Gussoni à
S. Lio sur le Rivo délia Fava (v. PI. 69), et cela tant par le type de 1’ archi
tecture, que par le goût identique dans la distribution des décoratives et en
particulier par celles le long du soubassement, non moins que par la même
(* 2 ) Texte It., p. 222.