SECONDE PARTIE
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tement décoratif des légers supports qui, comme à S. Zacharie, laissent transpirer
dans toute sa vivacité le goût absolument indépendant des artistes lombards.
Peut-être l’idée des colonnes divisées en deux parties distinctes a-t-elle
été suggérée par le désir de suppléer au défaut de longueur des fûts de mar
bre, mais le procédé s’allie d’une façon si harmonique et est si bien propor
tionné avec toutes les autres parties de l’ordre, du socle à la cymaise de la
corniche, qu’ il ressemble à une qualité.
Sur un autre point encore l’auteur de ce portail rappelle les grands
soutiens des nefs de S. Zacharie, je veux dire dans les feuilles protectrices
qui du tore des bases descendent vers les angles de la plinthe ; ancien motif
qui en ce cas servit à composer une ligne délicate de raccordement (v. encore
PL 31 fig. 3).
Sans parler des menus détails dont les Planches et figures que je donne
offrent mieux que toute description une idée de la richesse exquise de cette
œuvre, je dirai au contraire quelque chose des principales décorations surtout
par rapport aux sculpteurs présumés qui ont laissé ici des traces aussi gra
cieuses de leur ciseau.
Le lecteur n’ a pas oublié, je pense, les deux décors du stéréobate de
S. Zacharie et en particulier le joli contour de celui qui est à droite de la
façade (v. Parties I P. 28 fig. inf.); et si maintenant l’on compare les amours
ailés sculptés dans ce contour avec ceux (malheureusement indignement gâtés)
qui composent les scènes mythologiques des piédestaux de ce portail (v. fig. 147
et 148) j’espère qu’on ne me donnera pas tort si je les regarde tous comme
sortis d’un même atelier j 1 ). Je retrouve encore d’autres points de contact
entre ces sculptures et les génies nus assis sur les guirlandes à festons qui
embellissent les troncs de ces colonnes. Et comme là encore et dans les
mascarons et dans les feuillages je retrouve d’autres affinités soit pour la
forme, soit pour le coup de ciseau, avec les pilastres de l’entrée de la susdite
Eglise sculptés par Giovanni Buora (v. PI. 78 et 70 fig. 2), c’est à ce compa
gnon de Pietro Lombardo surtout qu’ on devrait attribuer les décorations dp
la Scuola de Saint-Marc.
C’est ainsi que se trouve encore mieux précisée l’induction que j’ai ex
posée au premier volume ( 2 ) à propos du contour du susdit contour de S. Za
charie, à savoir qu’ il put être exécuté par Giovanni Buora ou même par Bar-
tolomeo, fils de Domenico Duca. Maintenant qu’ il faille identifier Bartolomeo
de Domenico, compagnon de Pietro Lombardo, avec Buora, c’est, à mon avis,
ce qui ressort du fait qu’à cette époque on ne voit parmi nous aucun maître
de ce nom, fils d’un Domenico, si ce n’est celui dont le père était surnommé
Duca ( 3 ).
( l 5 3 ) Texte It., p. 225.