LA RENAISSANCE.
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Entre les deux, 1’ épisode de S. Marc qui guérit S. Amiane est le meilleur;
toutefois, malgré cela et le nom de Tullio, je crois bien préférable le bas-relief
( v ■ fig■ 15°) représentant le même sujet, que sous une forme plus modeste, mais
cependant avec un sentiment plus artistique, qu’un maître lombard sans doute
avait, dès 1479, sculpté sur la porte de la Scuola des Calzolai à S. Tomà (').
On attribue encore au même Tullio les deux lions dans les perspectives
des entre-pilastres aux côtés de 1’ entrée de la Scuola de S. Mare, et étant donné
la manière dont sont traitées certaines parties et en particulier les pattes et
les crinières, cette hypothèse n’ est pas loin de la vérité. Le profil des corps est
assez bien compris et sert jusqu’ à un certain point à 1’ effet perspectif des sujets;
du reste ce sont des sculptures qui n’ arrêtent guère 1’ observateur.
La décoration de cette façade est complétée par les bandes et les grands
revêtements de marbre et les patères de très fins marbres polychromes en
châssées dans les bordures, dans les pilastres, dans les tympans, et dans les
fonds, et comme si tout cela ne suffisait pas pour rendre 1’ édifice somptueux,
on fit à pleines mains usage de 1’ or dont on aperçoit çà et là encore aujourd’hui
les traces et en particulier dans les sacomes et les divers ornements de l’entrée.
Entrée qu’ on voulait encore enrichir en 1544 de portes de bronze à compar
timents avec roses, têtes de lions et autres décoratives demandées au célèbre
fondeur Giacomo dei Conti ( 2 ).
En même temps que le sanctuaire de Sainte-Marie-des-Miracles et la Scuola
de S. Marc, d’autres travaux importants étaient confiés à Pietro Lombardo et,
parmi ceux qu’ il mena alors à terme, il faut surtout citer la restauration de
1’ Eglise de Saint-André de la Chartreuse.
Flaminio Corner et Cicogna ont retracé tout au long le côté historique de
cette Eglise et du grand monastère attenant; toutefois les indications artistiques
qu’ ils ont pu recueillir sont peu nombreuses, et mes recherches n’ont guère été
plus heureuses dans le peu qui subsiste encore des Archives de ce monastère.
Sabe'llico, qui achevait son livre De Venetae urbis situ de 1489 à 1490,
faisant une description enthousiaste de la magnificence des marbres de ce
Temple, le disait ab imo hodie instauration. Par contre on ne sait en quelle année
la reconstruction fut commencée; mais étant donné l’importance de l’édifice,
on peut facilement supposer que les travaux durèrent plusieurs années, et il
est, de plus, probable qu’ils furent commencés par Antonio Rizzo qui dès 1467
se retrouvait en ce lieu et y sculptait en outre le tombeau d’Orsato Giustinian
dans 1’ une des Chapelles séparées de 1’ Eglise.
Il semble toutefois qu’ il manquait encore quelque chose dans l’intérieur
du Temple en 1493, comme on le voit par le testament de Marco Morosini ( 3 ),
(' 2 3 ) Texte It., p. 226.