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SECONDE PARTIE 
famille à laquelle avait appartenu Girolamo Morosini, qui, comme le rapporte 
Cicogna d’après un manuscrit, fut le grand protecteur de la Chartreuse et 
imitant « 1’ exemple de ses aïeux acheva plusieurs œuvres commencées par son 
« père Carlo à savoir, le chœur principalement et 1’ abside, où il ajouta 
» des sièges nouvelle forme et remarquablement travaillés; et au milieu du 
» chœur il plaça son tombeau (*) ». 
Malheureusement nous n’ avons plus les documents concernant ces travaux 
et les artistes qui les exécutèrent, mais il pourrait bien se faire que Pietro 
Lombardo fût le maître ainsi désigné : 
1490, 14 avril — Convention et accord passé entre le R. P. D. Antonio Surian 
Prieur du Monastère d’une part et maître lombardo maçon pour cause de certaines 
constructions ( 2 ). 
Mais il y a plus à regretter encore que la perte de ces papiers ; du vaste 
monastère, de la grande Eglise, des riches Chapelles et des autres édifices de 
la charmante île des Chartreux, il ne reste rien aujourd’ hui, pas même une 
pierre, tout ayant été rasé au niveau du sol au commencement de ce siècle. 
Et aujourd’ hui de tant de splendeur nous avons à peine un pâle reflet 
dans quelques inscriptions ( v. fig. 141 ) et dans les écrits de Sabellico, de 
Corner et de Temanza, le seul qui ait jusqu’ à un certain point étudié cette 
Eglise sous 1’ aspect artistique et auquel j’ emprunte pour cette raison le passage 
qui suit : 
« Quoique Sansovino, en parlant de l’Église de S. André des PP. Char- 
» treux, élevée par eux dans 1’ île dite de la Chartreuse, en face du Port de 
» Venise, dise qu’elle est irrégulière, parce qu’elle a été bâtie en plusieurs 
» fois, je dois la citer comme l’une des meilleures œuvres de notre Pietro 
» Lombardo. Je dirai même, que dans cette œuvre il a révélé un progrès no- 
» table de 1’ Art. Cette Église est située à l’intérieur du couvent, suivant l’usage 
» de ces religieux. Le corps principal, qu’ on pourrait appeler anti-église, forme 
» une croix grecque, avec quatre chapelles aux angles. Une cloison, qui donne 
» accès dans le chœur, la sépare de la partie plus intérieure réservée unique- 
» ment aux offices des Religieux. Là est la plus grande chapelle, avec deux 
» autres chapelles ; 1’ une à droite, et l’autre à gauche, en face desquelles il y en 
» a deux autres, dont le fond s’étend jusqu’ à la cloison, sur toute la largeur 
» du Chœur. Le style est une sorte de Corinthien. Dans les pilastres, et dans 
» la paroi de la séparation sont enchâssés des marbres de genres variés, qui 
» rendent cette œuvre très riche. Dans les deux baies latérales, entre le Chœur 
» et la chapelle majeure, sont des colonnes de marbre grec veiné, qui supportent 
» 1’ architrave. Peut-être faisaient-elles partie de 1’ ancienne Église des pères 
» Augustins, qui avant les Chartreux, habitaient l’île ). Ces colonnes étant par 
(‘ 2 ) Texte It., p. 226.