LA RENAISSANCE.
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il est aisé de reconnaître les manières de Pietro Lombarde, on ne peut dire
la même chose de la partie architectonique qui semble empruntée à un tout
autre maître; et en tenant compte du type des chapiteaux, des gorges et des
demi-ronds encore ornés de feuillages, on se demande si cet autel n’ est pas
antérieur à S. Marie-des-Miracles.
Quant à la partie figurée je dois ajouter que pour le sentiment, la forme
et délicatesse d’exécution, c’ est-à-dire sous le rapport artistique, cette pala peut
faire un seul groupe avec les bas-reliefs sous les ambons du Chœur des Frari
et avec celui, si digne d’être étudié, sur la porte de la cour de S. Marie-des-
Anges de Murano (v. fig. 155).
Je rappellerai en dernier lieu qu’ on fit au XVI e siècle à S. André de la
Chartreuse d’autres travaux auxquels prirent part Antonio degli Abbondi dit
Scarpagnino, Francesco Lurano maçon j 1 ), Guglielmo dei Grigi et Bartolomeo
de Bergame sculpteur ( 2 ).
A S. Stefano, outre les deux statues de S. Paul et de S. Jérôme (v. PL 59
fig. 1 et 2) sculptées par Pietro Lombardo, on attribue encore à ce maître
celles de S. Antoine et de S. Jean-Baptiste latéralement à l’autel de la sacristie
(ibid. fig. 3 et 4). Attribution sans aucune preuve de forme; en réalité il n’est
pas besoin d’une grande pénétration pour reconnaître dans ces deux médiocres
travaux (tant vantés cependant par certains écrivains d’art), la main d’un
artiste bien différent de Lombardo et plus vieux.
Sansovino dit que dans cette Eglise « le chœur est divisé par un parapet de
» marbre, sur lequel sont placées des colonnes assez imposantes, qui supportent
» les Apôtres de marbre grandeur naturelle sculptés par Vittorio Gambello ( 3 ). »
A propos de cette riche balustrade d’une excellente structure architec
tonique et qui fut beaucoup plus tard enlevée de sa place et adossée contre
les murailles latérales du chœur (v. fig. 156), le Père Agostino Nicolaï écrivait
au siècle dernier; Anciennement le chœur, suivant l'usage de ces temps, était placé
devant le maître-autel et occupait un tiers de la nef c’ est-à-dire l’espace compris
entre les deux avant-dernières colonnes de chaque côté jusqu’aux gradins du presby
terium. Il était fermé par un mur revêtu de marbres, et sur le devant, là où était
la Porte d’entrée du chœur, étaient au-dessus quelques colonnettes sur lesquelles courait
une corniche qui servait d’imposte et supportait les 12 statues des apôtres grandeur
naturelle, sculptées par Vittorio Gambello, et placées 6 de chaque côté et au milieu
des statues s’élevait un crucifix. Dans le mur du dit Chœur en dehors étaient enchâssés 6
grands médaillons en bas-relief de marbre, dont quatre représentaient les 4 évangé
listes et les deux autres S. Étienne et S. Augustin ( 4 ).
Plusieurs de ces sculptures ont des pendants dans le Chœur des Frari;
( l 2 3 4 ) Texte It., p. 228 et 229.