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SECONDE PARTIE
peuvent aujourd’ hui faire le sujet d’une étude, nous avons encore le récit des
éloges dont ils furent alors l’objet de la part des contemporains, et Pomponio
Gaurico qui, dans les dernières années du XV e siècle, écrivait son livre De
Sculptura et claris Sculptoribus, les rappelle ainsi : Petrus Insuber, Tullius, atque
Antonius ejus filii: sed ne ego Tullium praeterierim illaudatum ? Equidem ni vererer
visum iri amicitiae, non verae laudi datum indicium de illo meum, dicerem perfecto
sculptorum omnium quos ulla unquam viderit aetas, praestantissimum, neque indignis
ornaretur honoribus. An quid non priora ingenia, priora et miracula rediere ? Cir
cumferebantur in pompae morem Tarvisij epistyliorum coronae quas ille junior varijs
intercelarat foliorum ornamentis. Aderat Crispus partim aemulatione quam cum patre
Tullij gerebat, partim et tantae novitatis fama permotus. Cunctis igitur admirantibus
qui tanta veritate fieri potuerit, numquam prius e marmore coronas factas fassus est
quam gladiolo id ita esse depraehenderit. Quod mirius miraculum huic comparari
poterit? prudentis simum artificem Tulli caelatura deceptum. Nec vero et frater qui
cum summa est artis aemulatio laude minor ( 1 ).
Si toutefois ces corniches, ces frises si admirées ont été dispersées, il reste
de ces maîtres une œuvre qui confirme pleinement les éloges de Gaurico;
c’est le monument de l’Évêque Zanetti dans la même Chapelle du Dôme
reconstruite par Pietro Lombardo (v. PI. 79-80 fig. 2).
Parmi les trois statues qui surmontent si artistiquement ce tombeau, celle
si majestueuse du Père Eternel et presque toute la figure du précurseur scul
ptée avec tant de naturel appartiennent certainement à ce maître. L’autrer qui
tient la crosse accuse, au contraire les manières de ses fils et on attribue surtout
à Antonio le petit aigle, les gracieuses figurines et les riches feuillages de
1’ élégant sarcophage dessinés et sculptés avec tant de souffle et un goût si
exquis, qu’ on les range parmi les œuvres les plus importantes de cet artiste ( 2 )
et qu’ ils semblent postérieurs de quelques années à T Eglise de S. Marie-des-
Miracles.
Quoique traité par un bon ciseau, le feston à guirlande est, relativement,
un peu lourd ; mais 1’ aigle qui se tient fièrement les ailes déployées nous
donne une nouvelle preuve du mérite des Lombardo (peut-être d’Antonio) par
l’expression, par l’ampleur de la forme et par l’habileté souveraine et le naturel
avec lesquels ont été sculptés les divers détails et en particulier les pennes et
les serres ( 3 ).
Comme celui d’Onigo, à S. Niccolô de la même ville (v. PI. 79-80 fig. 1),
ce monument pensile se termine en bas par une courbe à feston et est encore
inséré dans un champ ou miroir de marbre entouré de 1’ une de ces corniches
annulaires dont nous avons vu le premier exemple dans le tombeau de Giacomo
Marcelli aux Frari à Venise (v. Planche du frontispice).
(* 2 *) Texte It., p. 229 et 230.