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SECONDE PARTIE
ou disques isolés, ou combinés avec entrelacements byzantins à croix et roues,
revêt un aspect très gai et assez agréable.
Ce palais dut être élevé, selon moi, après 1487, par quelque autre maître
lombard (*).
Monument du Doge Andrea Vendramin. C’ est une tendance chez la
plupart des écrivains d’art à assigner aux monuments funèbres une date
d’érection rapprochée de la mort du personnage auquel le tombeau était
destiné; tendance, ou espèce de système d’où peuvent provenir des déductions
erronées relativement à d’autres œuvres et au progressif développement
de 1’ art.
Et précisément l’un des monuments de la période dont je traite, sur lequel
ont été émises des opinions très éloignées de la vérité relativement à l’époque
et à l’auteur, est celui du Doge Andrea Vendramin ( v. PI. 95, 124 fig. 2 et
fig, 161 et 162). Monument qu’on a cru élevé peu après la mort de ce prince
survenue le 6 mai 1478, tandis qu’ il ressort clairement du texte de Sanudo que
quinze années après P œuvre était encore à terminer ( 2 ).
Les éloges n’ ont pas été épargnés à ce véritable chef-d’ œuvre de la Re
naissance et ils ne lui feront point défaut tant qu’ il restera debout, tant qu’ il
en restera un souvenir.
Il serait trop long et même superflu de citer ici tous ceux qui ont parlé
de cettè œuvre insigne et d’exposer les jugements qui tous d’ailleurs, ou presque
tous, en ce qui concerne l’attribution artistique, s’appuient sur Temanza.
Celui-ci, après avoir étudié le piédestal de la statue équestre de Bartolomeo
Colleoni, exprimait Y opinion suivante: »Je trouve absolument de même ca-
» ractère le majestueux tombeau du Doge Andrea Vendramino, dans l’Église
» des Pères servîtes, mort en 1477 » (?), « de sorte que, si 1’ on peut en tirer
» quelque connaissance de l’auteur, j’oserai dire qu’il fut l’œuvre del’archi-
» tecte Alessandro Leopardo, notre compatriote. Il y a des bas-reliefs, et de
» gracieux arabesques de sa manière. Toutefois les deux statues Adam, et Eve
» sont de Tullio Lombardo ( 3 ) ».
Mais afinque l’amateur ait connaissance des appréciations ultérieures des
meilleurs critiques d’art, je ne crois pas inutile de rapporter ici le sentiment
de E. Müntz qui résume jusqu’à un certain point tout ce qui a été dit à ce sujet
par les autres et j’ y ajouterai mes propres conclusions : » Le Mausolée du
» doge Andrea Vendramin ( f 1478 ), dans 1’ Eglise Ss. Giovanni e Paolo, qu’ on
» lui (Alessandro Leopardi ) attribue généralement, mais à 1’exécution duquel
» Tullio Lombardi eut certainement une part importante, est probablement
» un de ses premiers ouvrages. C’ est un modèle au point de vue de 1’ archi.
( 1 2 3 ) Texte It., p. 231-232.