Full text: La renaissance (Seconde partie)

LA RENAISSANCE. 
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P. Selvatico, parlant de la Chapelle Corner aux Ss. Apôtres, en donne 
la description que voici : « Elle se compose de quatre arceaux, auxquels sert 
» d'imposte la corniche d’un ordre corinthien très élégant, dont les colonnes 
» aux quatre angles reposent sur de gracieux piédestaux ronds ornés de festons; 
» piédestaux qui, contrairement aux palladiens et aux vitruviens, donnent de 
» la légèreté et de la grâce aux colonnes, et sont peut-être l’une des plus chè- 
» res inventions de l’art lombardesque (v. fig. 119),.. En face de l’entrée est 
»un bel autel?) fermé par une niche richement ornée d’un grand arc à petits 
» caissons. L’imposte de l’arc qui y mène correspond par une ingénieuse com- 
» binaison à un anneau à bandes qui partage vers la moitié les colonnes très 
» jolies, striées avec la plus grande variété en spire dessous, à cannelures droites 
» dessus. Une coupole hémisphérique recouvre la chapelle. Les corniches, très 
» saillantes, sont soutenues par des consoles semblables de tous côtés aux clefs 
» de voûte des arcs : beau et vraiment imitable procédé. Dans un large enca- 
» drement sont suspendus au mur deux magnifiques dépôts funéraires avec la 
» statue couchée sur le tombeau, et ils renferment les restes de Marco et Giorgio 
» Cornaro.... Il y en a qui ont attribué la chapelle, comme ces monuments, à 
» Guglielmo Bergamasque, mais les profils me semblent plus soignés et plus cor- 
» rects que ceux qu’il sculptait ordinairement; et si je devais émettre une conjec- 
» ture à propos de cette œuvre, j’y verrais plutôt une invention ou du meilleur 
»des Lombardi, Tullio, ou encore de Leopordo toujours plein de grâce ( ] ) ». 
Et là il me semble que Selvatico était dans le vrai en refusant jusqu’à 
un certain point à Guglielmo dei Grigi la paternité de cette construction, car, 
comme on le voit clairement sur le panorama de Jacopo dei Barbari (v.fig. 63), 
elle était déjà élevée en 1500, avant donc que maître Guglielmo ne fût connu. 
Je ne crois pas d’ailleurs que l’œuvre soit sortie du compas de Lombardo, 
car s’il est vrai que la forme décorative des colonnes et des piédestaux a un 
pendant dans le monument du Doge Niccolò Marcello, par contre le type de 
l’entablement avec sa forte saillie, avec ses contreforts en angle, par la ma 
nière robuste et même un peu lourde de combiner et profiler les membrures 
s’écarte trop du genre délicat des Lombardo. De plus et dans cette partie et 
dans la décoration du large intrados de l’archivolte du sanctuaire où est l’au 
tel (de beaucoup postérieur) et dans l’effet général, il me semble plutôt entre 
voir les caractères de l’escalier de la Scuola de S. Jean l’Evangéliste, de l’Église 
de S. Jean-Chrysostôme et de la Tour de l’Horloge ; c’est-à dire de l’architecte 
Mauro Coducci et en quelque sorte encore de Bartolomeo Bono bergamasque. 
Les élégants, variés et fins ornements des piédestaux ont, par la forme 
et la sculture si nette des détails, de nombreuses ressemblances avec ceux du 
stylobate du monument Suriano (v. PL 76 fig. 1). 
( l ) Texte It., p. 234. 
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