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SECONDE PARTIE
toire du Séminaire et qui à l’origine servait de pala à un autel de l’Église
de S. Niccolò de Castello renversée dans les premières années du XIX e siècle.
Toutefois, avant de passer outre, et à propos des rares fragments de
bas-relief qui subsistent encore disséminés çà et là après les innombrables et
trop célèbres ventes faites aux étrangers, je ne crois pas m’éloigner de mon
cadre en offrant aux amateurs quelques souvenirs qui, certainement, devaient
jadis avoir une grande valeur aux yeux de nos familles patriciennes; ainsi le
portrait d’Andrea Gradenigo sculpté en 1470 ( v. fig. 172); celui de Marco Barbo
(v. fig. 173) peut-être le neveu du Pape Paul II, mort à Rome en 1490 (*) et
enfin le buste d’un inconnu, qui est aujourd’ hui au Musée Civique (v.fig. 174).
Les deux premiers ont été au contraire offerts au Séminaire par le comte Vin-
cenzo Girolamo Gradenigo.
On ne connaît pas les auteurs de ces caractéristiques sculptures, exécutées
certainement à quelques années de distance, et cela peut servir en quelque sorte
pour se faire une idée approximative relativement au progrès des artistes dans
Г art du portrait.
En 1500, Andrea Briosco, fils de maître Ambrogio de Milan, faisait le
plan de la Chapelle du Saint dans la Basilique de S. Antoine à Padoue
(v. fig. 173), et le 21 Juin de la même année, Giovanni, fils d’Antonio Minello,
était nommé directeur de 1’ œuvre.
L’ un des premiers sculpteurs appelés à décorer l’intérieur de ce riche
sanctuaire fut Tullio Lombardo qui en 1591 commençait deux mi-reliefs de
marbre avec fonds perspectifs, le premier représentant le Saint pendant qu’il
guérit un jeune homme qui, honteux d’avoir porté un coup à sa mère, s’était
coupé le pied, le second 1’ épisode du thaumaturge qui fait trouver dans le
secrétaire le cœur de l’avare défunt (v. PI. 127 fig. 1 et 2).
Ces travaux, pour différentes raisons relatives aux paiements, durèrent
plusieurs années, si bien que le second tableau ne fut terminé qu’ en 1525 (*).
En général les lignes des compositions sont correctes; la gradation des
divers plans est remarquable et la facture des têtes notamment est des plus
soignées.
Mais s’il est juste de payer cet éloge au sculpteur, il ne 1’ est pas moins
de faire ressortir que dans ces œuvres, et plus que dans la pale de S. Jean
Chrysostôme (v. PI. 117), Tullio s’ abandonne à la recherche de l’effet et de
l’expression par des moyens plus artificiels et théâtraux. Excepté un certain
naturel dans la forme de plusieurs membres et extrémités, parfois raides jusqu’ à
(* 2 ) Texte It., p. 239.