LA RENAISSANCE.
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ayant de plus pour elle les grandes analogies qui existent entre la susdite statuette
et plusieurs sculptures du monument Tron et en outre avec les bas-reliefs sur
les arcs du palier de l’escalier des Géants du Palais Ducal (P. II, pl. 91).
Disons encore à ce sujet, comme l’indique un document contrôlé par Mi
chèle Caffi (?), qu’en 1467 par l’intermédiaire du Prieur de S. André de la
Chartreuse ( c’ était là et à ce moment qu’ on construisait la Chapelle Giustinian)
Antonio Rizzo expédiait au Prieur des Chartreux de Pavie trente-trois plinthes
pour colonnes pour le prix total de 25 L. et 8 s.
Toutefois à travers un certain maniérisme j’entrevois encore les éléments
des œuvres de Rizzo, jusque dans une statuette en marbre (haute de 0,84 y
compris la plinthe qui est au contraire rectangulaire) existant dans la sacristie
de S. Stefano et que j’a eu le bonheur de faire reproduire (v. fig. 12 ) avant
que n’ aient été cassés 1’ avant-bras droit et les pieds. Ce travail consei've même
des traces de dorure.
Monument Vittore Cappello. Sansovino (') parlant des hommes illustres
enterrés dans l’Eglise de S. Hélène, dit « qu’il faut citer, en commençant par la
» porte principale très ornée, Vittorio Cappello, dont la statue pédestre faite de
» très fin marbre de Paros au naturel par Antonio Dentone sculpteur Vénitien
» et très célèbre en son temps, est placée à genoux devant Sainte Hélène ».
Ce groupe qui à l’origine était placé dans la demi-lune de la susdite
porte et fut exécuté sur les ordres des fils de Vittore Cappello (f 1467), se
trouve aujourd’hui dans l’Église des Ss. Jean-et-Paul, tandis que les décorations
architectoniques sont été au contraire appliquées en 1841 à 1’ entrée principale
de notre Église de S. Apollinaire ou Aponal ( 2 ).
Aussi cette porte ( v. fig. 14), privée comme elle est des sculptures du
frontispice, n’ est plus aujourd’ hui à son avantage et peut-être même quand elle
était complète, sa partie supérieure devait-elle avoir un aspect plutôt lourd con
trastant avec les bonnes proportions de 1’ entre-colonnement et avec les formes
agiles des colonnes cannelées et de leurs piédestaux. Ces colonnes étant d’ail
leurs trop rapprochées des parastes, il en résulte une combinaison de chapi
teaux légèrement enchaînée ; on remarque également que 1’ archivolte, au lieu
de retomber sur un entablement complet, gravite uniquement sur une archi
trave modelée en forme de corniche laquelle s’avance en saillie pour donner
un point d’appui convenable au groupe statuaire. Peut-être n’ a-t-on pas assigné
à cette espèce de corniche un plus grand développement pour ne pas donner
dans le lourd ; mais comme on le verra plus loin, c’ est là une des caracté
ristiques distinctives de l’architecte Rizzo. Appliquée du reste de cette manière
elle paraît assez mesquine. Ensuite les modillons, avec têtes léonines et feuil-
P *) Texte It., p. 144.