SECONDE PARTIE
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petits fragments de marbre avec anges en mi-relief, lesquels se trouvent au
jourd’hui avec une statue du Christ dans la Chapelle de l’Annonciation.
Sculptures qui, à l’origine, avec les deux autres statues de S. Pierre et
de S. Paul, ornaient l’autel de l’abside de la Chapelle du S. Sacrement, renversé
quand on y éleva plus tard un grand et prétentieux tabernacle. Mais par contre
dans ces trois insipides statues on ne peut entrevoir que l’œuvre d’un élève
ou de quelqu’ un des maîtres auxquels Tullio confiait souvent l’exécution des
travaux dont il était chargé Les deux anges dans les niches sont posté
rieurs.
L’architecture de la susdite Chapelle de l’Annonciation, de l’autre côté
du chœur, a été, avec la légèreté habituelle de la plupart des écrivains et des
lettrés qui veulent émettre des jugements artistiques, attribuée à Martinp Lom-
bardo, et cela parce que dans la corniche de la voûte se trouve l’inscription :
Martinus Architectus exstruxit.
Il n’y a cependant qu’à faire deux pas dans cet oratoire (élevé par le
Chanoine Malchiostro et contemporain de la chapelle du S. Sacrement) pour
se rendre compte qu’il ne peut nullement être ici question du père de Pie-
tro, auteur de notre Eglise des Miracles, dont on ignore d’ailleurs quelle était
la profession et à quelle époque il vint dans les lagunes, et qui était déjà
mort en 1482 (*) et sans doute depuis plusieurs années.
Cette Chapelle n’ a aucunement le caractère d’une véritable œuvre Lom-
bardesque et accuse la main d’un architecte médiocre et de peu de- goût..
Pietro Lombardo fut aussi Gastaldo (Président) de la corporation des
taiapiera de Venise dans laquelle tous les hommes du métier devaient être
inscrits ( 2 ). Et à ce titre, le 8 Novembre 1514, de concert avec les chefs de
la confrérie, il proposait (et on l’approuvait,) di comprar un terren per fabricar
suso una caxa over Albergo in soler (c’est-à-dire avec un étage sur ce terrain)
dove se habia a redur Capitolo.
Je ne sais rien de positif relativement au degré de parenté existant entre
cet artiste et d’autres maîtres du même nom dont on retrouve la trace à cette
époque et avec Gianantonio Lombardo, caronais également, domicilié en 1477
à S. Stin à Venise et qui très probablement y demeurait encore dix ans plus
tard ( 3 ). ; ■
Et, à mon avis, Pietro devait compter d’autres parents dans cette nom
breuse légion de maîtres venus ici de la petite terre de Carona et peut-être
eucore dans la famille de ce Pietro, fils de Beltrame, qui en 1467 faisait à
Venise son testament, où figurent son frère et son fils, tous les deux appelés
Bartolomeo, et ses deux filles dont l’une épouse de maître Francesco. A cet
(* 2 3 ) Texte It., p. 248.