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SECONDE PARTIE
quent les pilastres rappelle le détail caractéristique du même genre qui apparaît
pour la première fois à Venise dans les arcades de T Eglise de S. Salvatore,
mais à Sainte-Marie il n’y pas autre chose qui puisse directement rappeler son
passage et il est impossible d’admettie qu’il y ait conçu et tracé certaines
modénatures sans élégance et la forme, quoique solide, grossière outre mesure
des grands chapiteaux à volutes sur les balustrades.
Aussi est-ce à un autre maître et à un autre atelier qu’ il faut raisonna
blement attribuer le direction et 1’exécution de ces travaux; travaux auxquels,
à mon avis, put avoir une grande part le Zacharie de Lugano qui en 1523
construisait le chœur (*) et qui figure également dans la construction de nos
Eglises de S. Salvatore et de S. Pietro di Castello, églises, comme celle de
Trévise, desservie par le même ordre de Chanoines.
En 1524 Santo Lombardo, fils de Tullio, était chargé des travaux en cours
d’exécution de la Scuola de S. Roch, en remplacement de Bartolomeo Bon
bergamasque; mais avec la coopération de son père, et il y figure jusqu’au
12 Mai 1527 où il recevait le montant de son salaire ( 2 ).
A cette époque, un autre fils de Tullio, Giovanni Lombardo était notaire
de la Confrérie.
Parmi les autres constructions que Temanza assigne à Santo, en comptant
à tort le palais Corner-Spinelli, on cite encore le palais Malipiero, ensuite
Trévisan, sur la Place de S. Maria Formosa (v. fig. 184).
Quelques détails et surtout les feuillages des chapiteaux sur les pilastres
angulaires rappellent certains travaux du commencement du XVI e siècle,
c’ est-à-dire quand Santo devait encore être jeune ; postérieurs certainement
sont, au contraire, les caractères d’autres parties, telles que les contours des
ouvertures, les fenêtrages médianes et les insipides niches ; il pourrait se faire
par conséquent que 1’ édifice commencé par d’autres ait été achevé par lui.
Ici réellement l’assertion de Temanza ne me paraît pas éloignée de la
vérité et particulièrement en tenant compte de certaines caractéristiques com
munes à la façade du quai de la susdite Scuola de S. Roch, sans doute pré
parée par lui, et à l’Eglise actuelle de S. Georges-des-Grecs, dont il fit le
plan en 1336 et fut l’architecte jusqu’en 1548; année où il fut remplacé par
maître Gianantonio, tailleur de pierres, dit Chiona ( du nom d’un village voisin
de Carona ) peut-être parent de Lombardo, qui bâtit encore le Collège des mar
chands de vin à S. Sylvestre et qui en 1552 entreprenait divers travaux dans
1’ Église de S. Samuel où avait également travaillé Santo Lombardo ( 3 ).
On reproche avec raison au palais Malipiero le défaut d’élégance des
proportions des pièces ( 4 ), la gracilité des corniches, le peu de grâce des profils,
(12 3 4) Tex te It., p. 252-253.