LA RENAISSANCE
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Soravia ('), vingt-trois ans avant 1558, c’est-à-dire douze après la mort de
Leopardi ou trois après celle de Tullio Lombardo.
Et comme il y a beaucoup d’analogies que je découvre ici avec les travaux
exécutés par ce sculpteur et même par son frère Antonio, artistes dont les ma
nières ont souvent d’ailleurs des points de contact, je ne crois pas me tromper
en attribuant cette œuvre à Tullio Lombardo qui ne parvint pas sans doute à
achever les trois statues terminales.
Il est probable en outre qu’ il eut ici pour collaborateurs, quelques-uns de
ses compatriotes ornemanistes qui, malgré le goût dégénéré du milieu, surent
maintenir pendant longtemps dans toute sa gloire et toute sa pureté le nom
de la Scuola Lombardesca. Et, certainement, c’ est à l’un des plus habiles de ces
maîtres qu’ il faut attribuer la belle frise à jours et les admirables feuillages
des riches modillons que l’on voit sur une porte des palais Zen aux Jésuites
exécutée en 1534 { v - fig- T ^7)-
Parmi les œuvres sorties de 1’ atelier de Tullio, on peut encore compter,
à mon avis, 1’ original, expressif et bien compris Tombeau pensile de séna
teur Vinciguerre Dandolo (f 1517) dans le chœur de l’Église de S. Fantino.
L’ un des derniers travaux qui portent le nom de ce maître est le mo
nument Bellati dans la Cathédrale, de Feltre {v. jig. 168). Monument funèbre
d’une importance artistique secondaire, auquel, malgré la signature, je doute
qu’ il ait mis la main, car, même dans les amours sur les côtés du sarcophage
il est absolument méconnaissable et, à mon avis, ce monument doit au con
traire être attribué à 1’ un de ses fils.
Peut-être, parmi les sculptures que Tullio exécuta dans sa vieillesse, faut-il
comprendre un buste en marbre qui se trouve aujourd’hui dans la sacristie
de S. Stefano {v. jig. 188).
Comme cela ressort des indications nécrologiques recueillies par le do
minicain Rocco Curti, le 17 Novembre de 1’ année 1532 cet artiste infatigable
rendait le dernier soupir et son corps posto in una cassa ( le cercueil qu’ il avait
fait lui-même préparer) était enterrépresso la Porta Comune del Deposito de l’É
glise de S. Stefano.
Par son dernier testament (cité aussi par Caffi) écrit trois jours avant
de mourir, Tullio réglait que tout ce qu’ il possédait serait mis aux enchères
et que, ses créanciers désintéressés, le reste serait employé en terrains dans la
Villa di Corbolon, au nom de ses fils Gian-Paolo, Giovannino, Marcantonio et
Santo, y compris un fonds dont devait avoir 1’ usufruit, sa vie durant, Agnésine,
sa seconde femme et belles-mère des susdits quatre fils ( 2 ).
f 1 2 ) Texte It., p. 254.