LA RENAISSANCE.
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portionnée de sainte Hélène dont les linéaments et le modelé du visage ressem
blent à 1’ Eve de ce maître, avec laquelle elle a encore d’autres rapports dans
la manière de la pose, dans la forme des mains et en particulier dans les
défauts de leurs attaches (v. fig. 3). La disposition des plis de la robe diffère
toutefois tant soit peu des draperies des figures inférieures du mausolée Tron
et a au contraire quelques analogies avec plusieurs statues du monument et
de 1’Arco Foscari exécuté par les Bregno comasques (V. P. I, pl. 16). Ana
logies qui pourraient peut-être provenir du goût de 1’ époque, du choix d’un
motif facile ou déjà connu, du reste d’un conventionnalisme d’école, ou en
core de la collaboration de deux maîtres différents.
Puis il importe de ne pas oublier que très probablement entre V exécu
tion de ce groupe et le tombeau colossal de Tron durent s’ écouler certaine
ment beaucoup d’années, et que les manières de Rizzo allaient toujours se
modifiant de plus en plus vers le vérisme, ce qui peut encore mieux se dé-
duire de ses dernières œuvres du Palais Ducal.
Quoique l’urne en bas-relief, derrière les figures du groupe de S. Héléne,
ait une forme différente, elle n’en accuse pas moins le goût et la même ten
dance à romaniser, de l’artiste qui conçut et sculpta les sarcophages de Tron
et de Giustinian.
La statue de Cappello, par le costume et la structure du torse a en outre
des affinités avec celle de Giacomo Marcello dans le monument des Frari (v.
P. 11, pl. dans le frontispice).
Cicognara j 1 ), parlant d’Antonio Dentone à qui on attribuait la sainte
Catherine qui foulait aux pieds la tête de Massimino (œuvre exécutée pour
l’église des Saints-Apôtres et qui a été renversée pour faire place à un autel
détestable) se demanda si elle n’avait pas été faite par ce sculpteur et Selva-
tico étudiant le monument in aria du capitaine Melchior Trevisan dans l’Eglise
des Frari (v. fig. 13), dont les figures furent exécutées de tête principalement
et qu’il rangeait au contraire parmi les travaux de cet artiste, s’écriait à juste
titre: « Il en est qui se sont mis en tête d’attribuer cette œuvre à Antonio
» Dentone, le sculpteur du monument Cappello: mais où sont donc les ana-
» logies de style entre les deux œuvres, je ne le sais vraiment. S’il suffisait de
» venir de la même école pour autoriser de telles conjectures, il faudrait alors
» proclamer Dentone auteur de tous les monuments de caractère lombardesque
» qui ne portent pas de nom d’auteur » ( 2 ).
Les manières du groupe du monument Vittore Cappello et de certaines
figures de celui de Tron sont en quelque sorte visibles dans la statue de
S. Marguerite terrassant le Dragon, dans une niche de la façade de la maison
attenante à l’Eglise du même nom. Sculpture qui jusqu’alors n’a pas été prise
C 2 ) Texte It., p. 145.