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SECONDE PARTIE
en considération sans doute à cause des nombreuses et grossières retouches y
compris le baroque Dragon. La date MDCCC qu’on y lisait encore il y a
quelques années, pourrait en outre autoriser quelques suppositions relatives au
sort des fragments de la susdite statue de S. Catherine.
Quelques écrivains, suivant servilement l’une des nombreuses et super
ficielles hypothèses de Moschini (‘), ont encore attribué à Dentone le bas-relief
en marbre de la Descente de Croix (v. fig. ij) aujourd’hui dans la sacristie
de l’église de la Salute et provenant, à mon avis, lui aussi, de la Chapelle
des Giustinian de S. André-de-la-Chartreuse, travail qui au contraire accuse
nettement les manières de Tullio Lombardo dont je parlerai plus loin.
Gonzati, décrivant le bas-relief de la Chapelle du Saint dans l’Église
du même nom à Padoue, rapporte le passage suivant d’une lettre écrite en
Décembre 1573 P ar Francesco Segala sculpteur padouan: « .... le carré de
marbre dans lequel est l’histoire du soldat qui tue la femme, dans la chapelle
de S. Antoine est de Giovanni Dentone », maître que Gonzati croit être le
Zuan Padoano detto da Milan, discepolo del Gobbo (Cristoforo Solaro), dont parle
l’Anonimo Morelliano. Et en effet les documents relatifs à ce travail (a. 1524)
citent Zuan da Milan ( 2 ).
D’où il semble que l’on devrait supposer l’existence de deux sculpteurs
surnommés Dentone, ce qui n’est pas douteux, à mon avis ; mais pour l’ancien
ou le premier Dentone on ne connaît et il est impossible de découvrir dans
les papiers des archives aucun document qui, suivant la métaphore reçue,
permette de prendre le taureau par les cornes.
A Creola (village situé à quelques milles à l’ouest de Padoue) dans l’ora
toire qui appartient au collège arménien Moorat, on voit le tombeau en marbre
du capitaine Benedetto Crivelli ou Crevelli (f 1516) élevé en mémoire des
grands services qu’il avait rendus à la République de Venise.
Ce tombeau (dérivant en principe des vieilles arches médiévales) soup
çonné je ne sais pour quelles raisons d’être l’œuvre d’un Dentone ( 3 ) et qui
certainement ne rappelle pas les monuments attribués à Antonio et n’a rien
de commun avec le bas-relief convulsé du susdit Giovanni, se compose d’un
caisson rectangulaire avec écussons et inscriptions supporté à moitié par une
espèce de dé et à chaque angle par une colonne mal faite, au-dessus duquel est
le sacorphage sur lequel est couchée la statue du défunt revêtu d’une armure,
peu visible à cause de son élévation.
Et ici je crois bien plus utile de rappeler le grand développement dé
coratif donné à une structure organique du même genre, par le padouan An
drea Briosco dans le tombeau de Torriani à S. Fermo Maggiore de Vérone
(v. fig. t6).
(12 3) Texte It., p. 145 et 146.