LA RENAISSANCE.
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GIORGIO SPAVENTO.
Giorgio Spavento di Pietro, maître vénitien, rangé par les historiens au
nombre des meilleurs tailleurs de pierres et qui, au contraire, exerçait le métier
de charpentier (marangon) de maisons, par son habileté comme ingénieur et
ses connaissances en architecture acquit une telle réputation vers la fin du XV e
siècle, qu’il fut choisi comme directeur général, au lieu et place d’Antonio
Céléga, des grandes restaurations et agrandissements qn’ on entreprenait alors
dans la Basilique Marciana.
Par suite de la perte si fâcheuse des documents, antérieurs à i486, con
cernant cet insigne monument, une obscurité complète entoure les premiers
travaux continués, exécutés ou commencés par Spavento ; mais, à partir de
cette année jusqu’en 1509, date de sa mort, il figure sans interruption comme
in^egnerius prothus dominorum procuratorum Sancti Marci tant pour les travaux de
cette Eglise, que pour ceux de l’Hôpital de Jésus-Christ, et aussi parfois des
maisons appartenant à la riche Procuratie où il avait pour compagnon un
autre proto Bartolomeo Gonella maçon ( l ).
Parmi les principales constructions dirigées par Spavento, je citerai la
nouvelle sacristie de S. Marc dont les fondations furent mesurées le 23 Août i486
et approuvées par maistro bortholomio protto ( 2 ) c’est-à-dire par Gonella, et où
travaillèrent ensuite les tailleurs de pierres Mauro Coducci, Andrea Bossi, Cor-
radino, Matteo da Valle, Giacomo demeurant à S. Vital et surtout un Dome
nico équarrisseur, qui fut chargé de la plus grande partie des travaux exté
rieurs et intérieurs.
A la même époque, Giorgio élevait la petite Eglise contigue de S. Théo
dore (v. PI. 105 fig. 2), œuvre simple de forme et non exempte de quelques
défauts dans la disposition des baies de la façade, due encore ici à un certain
désaccord entre la structure organique et les parties architectoniques. Celles-ci
soit à l’extérieur, soit à l’intérieur, y compris les corniches de la coupole,
furent presque toutes exécutées par le susdit Domenico qui y travaillait encore
en 1493. Les décorations de l’entrée principale sont dues, au contraire, à Se
bastiano de Lugano et à Matteo de Valle qui, en 1490, sculptait également
la frise d’une porte pour la Canonica qu’on reconstruisait alors.
La façade de la Chiesetta de S. Théodore fut en 1491 décorée de fresques
par Tomaso di Giorgio qui, la même année, ornait encore celle des Ss. Phi-
lippe-et-Jacques. Décorations polychromes déjà très en vogue et qui servaient
(! 2 ) Texte It., p. 260,