LA RENAISSANCE.
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Antonio Rizzo était-il de la famille de Dentone (mais non artistes) dont
j’ai retrouvé quelque trace? Et dans ce cas ou autre le sobriquet de Ri%%p lui
fut-il donné au contraire pour cette particularité de cheveux qui fit surnom
mer Briosco Riccio ou Crispo?
Ou encore le maître avec lequel il fut confondu s’appelait-il Dentone par
surnom ?
Là-dessus encore règne l’obscurité, et au lieu de m’égarer à tâtons dans
le sombre et infini domaine de l’hypothèse, j’ accepte comme meilleurs et plus
concluants les résultas de l’analyse comparée des œuvres en question, d’où il
ressortirait que le groupe de S. Hélène, et spécialement l’urne d’Orsato Giu-
stinian et ie monument Tron seraient des productions de l’atelier où furent
exécutées l’Eve et la plupart des plus précieuses sculptures de la Renaissance
du Palais des Doges.
Ceci détruisant en partie l’opinion de Sansovino ferait supposer qu’il a
sinon fait une bévue, du moins confondu les noms et les œuvres des deux
artistes. Erreur assez semblable à celle, on le sait déjà, qu’il a commise re
lativement à l’auteur de la susdite d’Éve qu’il dit avoir été sculptée par An
dré Riccio padouan ( 1 ).
Comme je l’ai indiqué dans la première partie de cet ouvrage, Sanso
vino a écrit cependant que la grande façade intérieure du Palais Ducal « fut
» l’œuvre d’Antonio Bregno Architecte et Prothomastro du palais » et plus
loin, que l’escalier surnommé depuis des Géants « avec la façade de l’édifice,
» fut commandé par le susdit Antonio Bregno » ( 2 ).
A propos de la période de transition, j’ai fait savoir que très vraisem
blablement les frères Paolo et Antonio Bregno comasques, ou les auteurs du
mausolée du Doge Foscari, avaient encore pris largement part aux grands
travaux architectoniques et décoratifs de F intérieur du Palais Ducal et préci
sément de l’édifice sur le revers du Portail de la Carta qui sert également
de porte ou d’entrée intérieure dans la cour et que j’ai appelé Arco Foscari.
Mais l’Antonio Bregno indiqué d’une manière spéciale comme sculpteur du
tombeau de ce Doge ne peut assurément pas être confondu avec l’auteur ni
regardé même comme l’auteur de celui de Tron.
Dans la partie statuaire comme dans l’architecture de ces monuments
funéraires il n’est pas facile de retrouver d’autre lien que celui qui existe entre
les œuvres de transition et celles de la Renaissance, à savoir dans les unes
le triomphe de tendances nouvelles qui dans les autres apparaissent enveloppées
d’une foule de caractères, héritage des vieilles écoles. Et la grande différence
de mérite de la forme et de goût qui sépare ces sculptures ne me permet pas
de supposer que l’Antonio Bregno, sculpteur principal du monument Foscari,
(* 2 ) Texte It., p. 146.